Ma note : 09/10

La docusérie « Cheer » fait partie des documentaires de grande qualité sur Netlfix. Réalisée par Greg Whiteley, à qui l’on doit également « Last Chance U » sur le football américain, la série suit pendant six épisodes la préparation de la meilleure équipe universitaire du pays : celle de Navarro College, au Texas, qui s’entraîne pour tenter de remporter une quatorzième victoire au championnat universitaire qui se déroule chaque année à Daytona, en Floride.

Lorsque l’on évoque le cheerleading, certains pensent spontanément aux clichés de paillettes, pompons, jupes (très courtes) et filles (très) superficielles. C’est l’occasion de faire tomber ces préjugés totalement erronés.

Ces filles ET garçons s’entrainent extrêmement dur, ce sont de véritables athlètes de haut niveau qui mettent leur vie entre parenthèse pour se consacrer quasi-exclusivement à leur discipline. Les chutes et les blessures sont nombreuses, l’épuisement gagne, les rivalités menacent quand les sélections approchent. Car si chacun rêve de décrocher une place de choix pour le championnat, les pyramides, cascades, portés ne valent que si l’équipe est soudée et s’entend bien. La moindre erreur peut être dramatique, les cascadeuses jouent leur vie lors de certaines figures.

Ces jeunes puisent souvent leur force dans leur passé difficile. Une volonté de s’en sortir, de vivre eux aussi le fameux rêve américain. Souvent issus de milieux populaires, leur résilience est hors-norme. Lexi, au regard éteint, a échappé à la prison grâce au cheerleading; La’Darius, extravagant, qui a subi les coups de ses frères à cause de son homosexualité et a abandonné le football américain pour cette discipline; Gabi aux sept cent mille abonnés sur Instragram et qui a développé un vrai business, pilotée par ses parents transformés en managers.

L’occasion de montrer aussi cette Amérique dans laquelle des jeunes gens luttent pour s’en sortir, se raccrochent à une personnalité adulte pour compenser l’absence -voire l’inexistence- de leurs parents, et sont prêts à aller au bout d’eux-mêmes dans l’espoir d’un avenir meilleur.

Cette comédie dramatique sur l’amitié entre deux hommes pendant plusieurs années a été à la fois produit réalisée et interprétée par Michael Angelo Covino et Kyle Marvin. Présenté au Festival de Sundance, le film a également reçu le Coup de Cœur du Jury dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes.

Kyle Marvin

Depuis leur rencontre il y a dix sur le tournage d’une publicité, ces deux là sont devenus amis et ont produit plusieurs films ensemble. Il s’agit là de leur première réalisation qui est déjà très aboutie.

Ce lien qui existe au quotidien entre eux leur a permis de « capturer l’amitié et la complicité qui était la leur ». et cela fonctionne parfaitement.

Si l’humour est plutôt british, rappelant le film britannique « The Trip » avec Steve Coogan, les références à la France sont nombreuses : Judith Godrèche en fiancée, la musique -bien qu’ils aient dû se limiter en raison du montant des droits d’auteur- mais aussi la mise en scène, inspirée du cinéma de Pierre Etaix avec des ressorts comiques dans des scènes dramatiques. Les raisons à cela sont diverses : ils déclarent avoir toujours aimé le cinéma français, mais aussi la culture française qu’ils ont voulu « représenter comme eux la connaissent vraiment et la rendre de façon plus romantique que dans les autres productions américaines ».

Au final, cette comédie dramatique surprend, le spectateur fini par se prendre d’amitié pour les personnages au gré de ces plans séquences tourné méticuleusement malgré une apparence parfois cacophonique. On retrouve ici un niveau de comédie dramatique rare actuellement au cinéma.