Charlotte, mère célibataire, rencontre Simon, marié et père de famille, lors d’une soirée parisienne. En recherche d’un amant, elle le convainc qu’aucun attachement ne sera requis : une nuit sans attache. Simon doute, hésite, n’a pas l’habitude, se laisse convaincre et succombe. Le spectateur suit ce non-couple dans ses diverses rencontres pendant des mois, jusqu’à l’arrivée d’une tierce personne qui pourrait bien remettre en cause la perception que chacun a de la situation.

Emmanuel Mouret poursuit son marivaudage, non sans rappeler « Mademoiselle de Joncquières » qui avait valu au réalisateur un Swann d’Or au Festival de Cabourg en 2019. Il y a également présenté en 2021 « Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait ».

Cette nouvelle romance présentée également au Festival de Cabourg en 2022 après avoir figuré dans la sélection Cannes Premières du Festival de Cannes, revêt un air de comédie new-yorkaise comme « L’art d’aimer » sorti en 2011.

La succession de saynètes dans Paris évoque « Midnight in Paris » ou encore « Match Point » lors de la scène du badminton. Autant d’inspirations évocatrices du cinéma de Woody Allen, que le personnage de Vincent Macaigne semble réincarner avec ses angoisses, son débit saccadé, son introspection permanente. La démarche déliée de Sandrine Kiberlain et ses tenues masculines évoquent Diane Keaton .

Le couple Vincent Macaigne-Sandrine Kiberlain fonctionne à merveille. L’acteur nous surpend dans ce rôle d’homme inquiet et maladroit terriblement drôle et attachant.

Le côté bavard de ce badinage amoureux en lassera peut-être certains, mais l’ironie, la petite musique des dialogues, ce rythme si caractéristiques du réalisateur nous laissent une fois de plus sous le charme.

14 septembre 2022 – 1h40 – Pyramide Distribution

L’équipe du film à la première au #Deauville2020 © Deauville, on t’aime!

Alexandre (Denis Podalydès), chô­meur déclas­sé, a deux mois pour prou­ver à sa femme (Vanessa Paradis) partie en mission dans un sous-marin qu’il peut s’oc­cu­per de ses deux jeunes enfants, retrouver un travail et être auto­nome finan­ciè­re­ment. Pro­blème : The Box, la start-up très friend­ly qui veut l’embaucher à l’es­sai a pour dogme : « Pas d’en­fant ! », et Séve­rine (Sandrine Kiberlain) sa future supé­rieure, est une « tueuse » au carac­tère autoritaire et impulsif. Pour obte­nir ce poste, Alexandre va donc men­tir… La ren­contre avec Arcim­bol­do (Bruno Podalydès), qui multiplie les petits bou­lots sur applis, lui permettra-t-elle de relever tous ces défis ?

Bruno Poladylès signe ici une comédie à pleurer de rire sur l’uberisation de notre société, moquant les utilisations d’acronymes et de jargon franco-anglais dans les entreprises. Le film est particulièrement d’actualité et fera écho pour beaucoup à des situations vécus pendant les confinements notamment ces fameuses visio-conférences qui se sont multipliées, parfois dans des conditions rocambolesques pour certains, notamment ceux avec enfants à gérer en simultané.

Le film aborde aussi le thème des apparences : la femme d’affaires impitoyable qui cache un secret, la start up qui se prétend une entreprise cool et qui pourtant impose tout autant voire plus de règles à ses employés que les autres sociétés.

Seul petit bémol : la fin qui perd le rythme avec les deux dernières scènes inutiles. Cela n’empêche pas de se régaler de l’humour et de l’interprétation de tous les acteurs notamment parmi lesquelles celle du magicien Yann Frisch, totalement désopilant.

UGC Dis­tri­bu­tion – 1h32 –

Le Festival a retrouvé de nombreux habitués: les réalisateurs Mike Cahill (Another Earth en 2011, I Origins), Abel Ferrara (4:44 – Last day on earth en 2011, Pasolini), Ira Sachs (Forty shades of blue en 2005, Love is strange), Tate Taylon (La Couleur des Sentiments en 2011, Get on up!).

Le festival a également assisté au grand retour de Don Johnson au cinéma, présent ici dans deux films : Cold in July -film en compétition- et Alex of Venice présenté en avant-première.

Nous avons retrouvé avec un immense plaisir l’acteur Wes Bentley (American Beauty) dans le rôle principal de Things people do, Prix du 40ème Festival du Cinéma Américain, ainsi que dans un rôle secondaire dans un autre film en compétition: The better angels.

La jeune Noah Silver (interprète de la fille de Brody dans Homeland) poursuit ici sa carrière cinématographique en interprétant le rôle féminin principal dans le film en compétition Jamie Marks is dead.

Côte réalisateurs, on a découvert avec un immense bonheur le premier film de deux collaborateurs de Terrence Malick: Saar Klein et A.J. Edawards. Saar Klein, réalisateur du primé Things people do, a réussi le tour de force de réaliser un premier film magnifique, révélant certes une influence de Terrence Malick, mais doté aussi d’une richesse esthétique propre à cet ancien monteur, plus fois nommés aux Oscars.

Le festival est en effet souvent le révélateur de jeunes réalisateurs talentueux, qui étaient parfois connus jusque là pour leurs talents… d’acteurs. On avait ainsi pu rencontrer Famke Janssen (Nip Tuck, X-Men…) venue présenter en compétition Yelling to the sky en 2011, ou encore David Schwimmer (Ross dans Friends) pour Secret la même année.

Cette année, c’était au tour de Chris Messina (Damages, The Newsroom, Vicky Christina Barcelona) dont le premier long métrage Alex of Venice était présenté en avant-première. Ce film drôle et sensible marque des débuts extrêmement prometteurs.

Jessica Chastain, à laquelle un Prix du Nouveau Hollywood était remis en 2011, avait cette année là préféré limiter sa visite européenne à la Mostra de Venise; Ryan Gosling, qui devait se voir décerner le même prix avait quant à lui choisi préféré Disneyland en compagnie de sa nouvelle compagne depuis un mois, Eva Mendes, plutôt que de venir à Deauville.

Cette année, Jessica Chastain est bien venue. Elle a reçu un hommage et une cabine à son nom a été inaugurée. Lumineuse et accessible, elle n’a pas hésité à signer des centaines d’autographes, répondant en même temps aux gens qui la félicitaient pour son film.

 

On peut prendre conscience également de l’importance que revêt un tel festival pour des réalisateurs Américains hors de leur pays d’origine: une tribune où ils peuvent s’exprimer librement. Ainsi, le soir de son hommage John McTiernan s’est livré à une critique froide et implacable du système judiciaire et électoral américain. Suivi (hasard ou coïncidence) par le réalisateur de Camp X-Ray, Peter Sattler, qui a définit son film comme « apolitique« . Son film relate néanmoins relate la relation qui se noue entre une militaire américaine et un prisonnier au sein de Guantanamo.

 

Lors de la cérémonie de clôture, Vincent Lindon a évoqué, ému aux larmes, la performance d’actrice de Sandrine Kiberlain dans le film Elle l’adore, Prix Michel d’Ornano projeté le matin même et accueilli par une standing ovation avant même le générique de fin: « Il paraît même qu’elle a une petite fille [la fille qu’ils ont eue ensemble, ndlr], et elle doit être très fière de sa maman« .

Claude Lelouch a quant à lui déclaré que « les plus belles années étant celles qui étaient à venir, il espérait être là pour le 50ème anniversaire du Festival« .

C’est tout le bien qu’on lui souhaite.

 

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Chaque année, le Prix Michel d’Ornano récompense un premier film français; et cette année c’est Elle l’adore de Jeanne Herry (Gabrielle) que nous avons eu le plaisir de découvrir.

Muriel (Sandrine Kiberlain), jeune femme aux tendances mythomanes, est une fan inconditionnelle du chanteur Vincent Lacroix (Laurent Lafitte, Les petits mouchoirs). Elle va se retrouver prise dans une situation compliquée à gérer…

Ce polar est traité avec un humour par l’absurde qui rend le film aussi gai qu’une comédie en dépit de son sujet principal. Kiberlain est extraordinaire de justesse, ainsi que Laurent Lafitte.

Standing ovation pour cet excellent premier film!  A voir absolument.

En salles le 24 septembre 2014.

Sandrine Kiberlain à la sortie de la projection de "Elle l'adore" © Anne-Sophie Rivereau

Sandrine Kiberlain à la sortie de la projection de « Elle l’adore »
© Anne-Sophie Rivereau

L’équipe du film « Elle l’adore » – Prix Michel d’Ornano             © Anne-Sophie Rivereau