A bientôt trente ans, Julie vit à Oslo, en couple avec Aksel, dessinateur de BD à succès âgé de 45 ans. Jusqu’à ce qu’elle rencontre un inconnu lors d’une soirée…
Le réalisateur Joachim Trier signe ici une comédie romantique et dramatique qui soulève sans tabou les questions existentielles des jeunes de cette génération : choisir un travail et s’y tenir sans s’épanouir, ou se chercher et changer ; l’envie – ou non – d’avoir des enfants, la fidélité dans le couple… L’erreur serait de penser que parce qu’il s’agit d’un très beau portrait de femme, ces thèmes leur sont réservés. En effet le réalisateur a souhaité aborder des sujets qu’il a lui même expérimentés : « J’ai passé les 40 ans, j’ai vu mes amis vivre toutes sortes de relations de couple et j’ai ressenti le désir de parler d’amour, et de l’écart entre le fantasme de la vie que nous aurions rêvé de mener et la réalité de ce que sont nos vies. Le personnage de Julie a commencé à prendre forme : une jeune femme spontanée, qui croit qu’on peut changer de vie à sa guise et qui recherche ça, puis qui se retrouve un jour confrontée aux limites du temps et à celles de chacun y compris les siennes. Il n’y a pas un nombre infini d’opportunités dans une existence. » D’ailleurs il ne prétend pas avoir réalisé un exposé sur les femmes mais plutôt « comment les relations amoureuses reflètent nos attentes existentielles. Dans notre culture occidentale, on a été élevés dans l’idée que l’amour et la carrière sont les endroits où s’épanouit une vie. Ça dépasse donc le genre », explique le réalisateur.
S’il montre tout sans filtre, au risque parfois de choquer, Joachim Trier aborde tous ces sujets avec finesse et pertinence. Né au Danemark, le réalisateur a grandi en Norvège et adore le cinéma français qui l’a beaucoup influencé ; ainsi lors de la présentation du film a-t-il précisé qu’il s’était notamment inspiré du célèbre « Un Homme et Une Femme » de Claude Lelouch.

Le choix de ses acteurs principaux lui a permis de porter cette réflexion à son paroxysme avec des interprétations bluffantes des deux acteurs principaux : Anders Danielsen Lie, également médecin dans la vie, et qui tenait déjà le rôle masculin principal dans un précédent long-métrage du réalisateur Oslo, 31 août, et Renate Reinsve, qui y jouait un petit rôle -une seule réplique- : « On va faire la fête ! ». Et pourtant le réalisateur explique bien que depuis ce moment, il n ‘a cessé de suivre son évolution, principalement au théâtre faute de propositions au cinéma. Jusqu’à ce rôle qu’il écrit pour elle et qui vaudra à l’actrice un Prix d’interprétation Féminine au dernier Festival de Cannes. Malgré son jeune âge elle a su interpréter un personnage en proie à de nombreux conflits intérieurs « Julie porte en elle une forte mélancolie. Elle sabote ses relations amoureuses pour des raisons que je laisse à la libre appréciation du public, mais je pense que ce penchant autodestructeur est un aspect intéressant de sa personnalité. Julie est une « imperfectionniste ». Elle hésite entre tel ou tel homme comme dans toutes les comédies romantiques, mais au bout du compte, elle devrait surtout penser un peu à elle. » explique Joachim Trier.
Bien que je n’ai pas adhéré à certains éléments de rélaisation et que je mette un bémol sur la fin, ce film m’a émue aux larmes.
Avec ce grand rôle, Renate Reinsve est devenue dans son pays celle qui a été primé pour avoir interprété « The Worst Person in the World » (« la pire personne au monde », titre original du film). Quelle ironie.
Le film sort en salles le 13 octobre 2021. 02h08