Ils ont été appelés en Algérie au moment des «événements» en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Adapté du roman éponyme de Laurent Mauvignier publié en 2009, Des Hommes restitue les destins brisés de ces jeunes hommes envoyés à une guerre à laquelle ils n’étaient pas préparés, assistant à des horreurs qu’ils n’auront pas l’opportunité de raconter à leur retour. Adultes, des années plus tard, ancrés dans leur quotidien, ils demeurent hantés par ces souvenirs, ces plaies. Par la culpabilité parfois également.

La force de cette réalisation est d’avoir su conserver le format du livre, qui fait sa richesse et sa force, et de le retranscrire à l’écran. C’est Lucas Belvaux lui-même qui en parle le mieux : « Laurent Mauvignier est un grand auteur mais on n’adapte pas un style. On peut en revanche adapter un procédé. Ici, ce sont les flash-backs, les soliloques, le récit non chronologique au fil de la pensée. » La voix off qui porte le texte d’origine permet de rendre hommage au livre mais également d’offrir un format original au film, de créer une proximité entre les personnages et le spectateur.

Le casting composé autant d’acteurs chevronnés que de jeunes talents contribuent également à la richesse de ce film : la voix de Catherine Frot, la puissance de Gérard Depardieu ou encore la retenue de Jean-Pierre Darroussin. Des Hommes est percutant et permet d’aborder un sujet rarement traité.

Le film faisait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes en 2020 et a été présenté en avant-première au Festival du cinéma américain de Deauville en septembre 2020.

Ad Vitam Distribution – 1h41 – Sortie le 2 juin 2021

L’équipe du film présente au Festival du cinéma américain de Deauville, septembre 2020
© Deauville, on t’aime !

Ad Vitam Distribution – 1h41 – Sortie le 2 juin 2021

Après sa sélection au Festival de Cannes auquel la réalisatrice Céline Sciamma a remporté le Prix du scénario, le film était également présenté au Festival du Film de Cabourg – les Journées Romantiques.

L’histoire se déroule en 1770. Marianne (Noémie Merlant) est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse (Adèle Haenel), une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle l’observe.

Le film ne comprend quasiment aucune musique -à l’exception de deux brefs passages- , reposant ainsi entièrement sur le rythme rendu par l’image : l’utilisation de plans-séquences pour filmer l’évolution du travail de la peintre, les mouvements des personnages… Un tel exercice ne pourrait être possible sans deux actrices fortes., à même d’endosser de tels rôles. Aucune fioriture ici, juste juste deux actrices en costume, évoquant parfois le style épuré d’une pièce de théâtre classique. Noémie Merlant, présente dans presque toutes les scènes, et Adele Haenel, qui avait déjà collaboré avec la réalisatrice dans son premier long métrage « Naissance des Pieuvres » portent le film d’un bout à l’autre sans que l’on pense une seconde à détourner le regard par ennui.

Ces portraits de femmes, sentimentales et intelligentes, revisitant le lien muse/artiste sous un jour nouveau, sont d’une grande beauté.

En salles le 18 septembre

En 2009, Jane Campion (La leçon de piano) a réalisé le film « Bright Star » consacré au grand poète romantique John Keats.

Quelle meilleure réalisatrice que cette âme sensible et délicate, qui sait mieux que personne filmer des paysages brumeux et mélancoliques, des personnages amoureux et torturés, mettre en scène la musique, pour rendre hommage à ce grand poète et dépeindre son histoire d’amour avec Fanny Brawn.

Le résultat est un bijou de mélancolie, de musique, de poésie, magnifiquement interprété par Abby Cornish (WE), Ben Whishaw et Paul Schneider qui mettent leur interprétation délicate au service de ce drame.

 

Pour ceux que cela intéresse…

Si vous aimez la musicalité des vers de Keats, je vous recommande la bande originale du film, qui en comporte plusieurs extraits correspondants aux plus célèbres poèmes de l’auteur.

La maison de John Keats à Hampstead, Londres

© Anne-Sophie Rivereau

© Anne-Sophie Rivereau

Le film n’a pas été tourné dans la maison de Keats. Mais cette dernière existe toujours et se visite. Elle est située dans le très joli quartier d’Hamstead (ancien village devenu quartier de Londres). Keats, sans argent, était venu habité avec son ami Charles Brown, maison également occupée par la jeune Fanny Brown, sa mère et ses frères et soeurs. Fanny, passionnée de mode et précurseur dans le domaine, va s’éprendre du jeune poète. L’intérêt sera réciproque, mais ce dernier, sans le sou, ne pourra la demander en mariage. Gravement malade, Keats passera des journées entières à écrire en regardant Fanny dans le jardin. Il écrira ainsi pour elle « Bright Star ». Préoccupé par son état de santé, ils lui offriront un voyage en Italie, espérant que cela le soignera. Il mourra là bas quelques mois plus tard.

Fanny et John s’étaient fiancés: il lui avait offert la bague de sa mère. Ils n’ont jamais pu se marier. Fanny a des années durant déclamer ses poèmes en marchant dans la lande. Keats, mort persuadé d’avoir échoué, deviendra pourtant l’un des plus grands poètes romantiques.

Jean-Marc Vallée (Wild, Dallars Buyers CLub, Café de Flore…) a concentré son attention sur les jeunes années de la Reine Victoria (interprétée par Emily Blunt), avant son accession au trône et pendant ses premières années de règne.

Mise sous cloche par sa mère la Duchesse de Kent et son compagnon Conroy -être vénal, la jeune Victoria vit isolée de la Cour. A la mort du Roi -son oncle- elle devient Reine, à seulement 18 ans. Epaulée par le Premier Ministre Melbourne (Paul Bettany), toujours protégée par sa gouvernante Lehzen, elle sera l’objet de toutes les convoitises des princes européens. Parmi eux le jeune Prince Albert de Saxe-Coburg (Rupert Friend), son cousin, que son père le Roi Léopold rêve de marier à la Reine de l’Empire britannique.

Un belle adaptation qui est dans l’ensemble conforme à l’histoire. Le film a été plusieurs fois récompensé, recevant notamment les Oscars du Meilleur Décor et des Meilleurs Costumes.

Un joli film historique et romantique