« Cherche esprit féminin détaché du monde. Capable d’exercer fonction de bibliothécaire. Pouvant cohabiter avec chiens et enfants. De préférence sans expérience professionnelle. Titulaire de diplômes, s’abstenir. »
Prudence Prim, jeune femme moderne, indépendante et bardée de diplômes, a un profil bien opposé à cette description. Elle est pourtant engagée à ce poste, au service d’un homme complexe, au sein du petit village de Saint Inérée d’Artois, coupé du monde moderne , « refuge des exilés de la confusion et de l’agitation modernes. » L’héroïne y nouera amitiés solides et s’intéressera à l’amour. Ici il n’est nullement question de beauté physique, mais de la véritable beauté des choses et des personnes. Ainsi, l’employeur de l’héroïne n’est-il désigné que par l’appellation « l’homme du fauteuil », passant beaucoup de temps à lire dans celui-ci.
Difficile de résumer ou de décrire précisément ce petit bijou littéraire: à la fois roman, livre feel good, manuel de (changement de) vie, l’auteure aborde ici la théologie, la littérature anglaise du XIXème, ou encore la philosophie, dans un univers cocooning composé d’afternoon teas, de livres et de feux de cheminée.
Un extrait, réflexion du personnage principal:
« Je porte toujours un sentiment de nostalgie, comme un poids sur les épaules, accompagné d’un désir d’arrêter le temps, de retrouver des choses perdues […]] La vie entière, la beauté, l’amour, l’amitié, y compris l’enfance; surtout l’enfance. Autrefois, je pensais avoir une sensibilité d’un autre siècle, j’étais persuadée d’être née à la mauvaise époque et que, pour cela, la vulgarité, la laideur, le manque de délicatesse me dérangeaient tellement. Je croyais que cette nostalgie avait quelque chose à avoir avec le désir d’une beauté qui n’existe plus, d’une époque qui nous a dit adieu et a disparu. »

345 pages – Pocket – 7,30 €