ADN

Neige (Maïwenn), divor­cée et mère de trois enfants, rend régu­liè­re­ment visite à Émir, son grand-père algé­rien (Omar Marwan) qui vit désor­mais en mai­son de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a éle­vée et sur­tout pro­té­gée de la toxi­ci­té de ses parents. Les rap­ports entre les nom­breux membres de la famille sont com­pli­qués et les ran­cœurs nom­breuses… Heu­reu­se­ment Neige peut comp­ter sur le sou­tien et l’humour de Fran­çois, son ex (Louis Garrel). La mort du grand-père va déclen­cher une tem­pête fami­liale et une pro­fonde crise iden­ti­taire chez Neige. Dès lors elle va vou­loir com­prendre et connaître son ADN.

Le nouveau long métrage de Maïwenn faisait partie de la sélection du Festival de Cannes et était présenté en première au Festival du Cinéma Américain de Deauville dans la section « l’Heure de la Croisette ».

La réalisatrice traite de façon très crue, sans filtre, le deuil et tous ces moments étranges qui lui succèdent : les réunions de famille dont les membres se disputent ou plaisantent nerveusement, notamment autour des décisions à prendre. Situation d’autant plus complexe quand les petits-enfants ont eu un lien presque de parents-enfants avec leurs grands-parents qui les ont élevés. Neige a des relations compliquées avec sa mère (Fanny Ardant) et son père. Emir était tout pour elle, aussi peu de temps avant son décès avait-elle fait écrire et éditer un livre sur sa vie, ses souvenirs d’Algérie qui ont bercé son enfance.

Cette perte va déclencher une quête identitaire chez Neige, que la réalisatrice a elle-même vécu à la mort de son grand-père algérien il y trois ans, période durant laquelle elle a, comme sa protagoniste, lu tous les livres qu’elle trouvait parlant de l’Algérie. Le test ADN que réalise Neige dans le film est en réalité le test ADN de Maïwenn, qu’elle a réalisé dans cette période de sa vie.

Néanmoins le dernier tiers du film dédié à sa quête mais aussi à ses souffrances physiques et mentales déséquilibre le film qui devient trop centré sur son auteur. Bien que la réalisatrice se défende d’une autobiographie -« tout le film n’est pas inspiré de ma vie. Loin de là. » (1)- les éléments personnels se confondent avec la fiction.

Si son casting de choix permet une interprétation parfaite de toutes les situations, la place laissée à l’improvisation apporte également une dose de naturel et de spontanéité qui rendent les scènes d’autant plus réalistes et crédibles. Ainsi les répliques de Louis Garrel sont de lui.

Ainsi, en dépit de thèmes dramatiques, la réalisatrice parvient également à instiller beaucoup d’humour dans ces situations parfois surréalistes, notamment la scène du choix du cercueil qui est tragiquement absurde. Et c’est ce mélange de drame et de légèreté qui font la richesse de ce film touchant.

Le Pacte – Sortie en salles le 28 octobre 2020 repoussée au 19 mai 2021

*Maïwenn à Deauville le 11 septembre 2020 pour présenter ADN


(1) Source : Version Femina n°969

Ce nouveau long métrage de Nicolas Bedos était présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes et projeté en clôture du Festival du Film de Cabourg – les Journées Romantiques.

Victor (Daniel Auteuil), un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine (Guillaume Canet), un brillant entrepreneur, lui propose une activité novatrice : son entreprise propose permet en effet à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix, aidés par des décors et des acteurs. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour, interprété par Fanny Ardant.

Après sa réalisation Monsieur et Madame Adelman également avec Doria Tillier, Nicolas Bedos a cette fois choisi de rester derrière la caméra, laissant briller l’actrice aux côtés de Daniel Auteuil. Un casting cinq étoiles pour une création inventive, à la fois drôle et cynique.

Est-il judicieux de se tourner vers le passé ? Que ferions-nous si nous avions la possibilité de tout changer ? Malgré quelques longueurs et un focus trop prononcé sur l’actrice/compagne du réalisateur, le film est entêtant et vous emporte dans une valse de pensées et d’émotions.

En salles le 6 novembre

Doria Tillier au Festival de Cabourg
(C) Deauville, on t’aime !

Perdrix est la première réalisation de Erwan Le Duc, une comédie romantique qui surprend, loin des sentiers battus du genre.

Pierre Perdrix (incarné par Swann Arlaud) est gardien de la paix dans les Vosges. Il mène une existence très -très- calme avec sa mère (Fanny Ardant), animatrice d’une émission de radio nocturne, son frère (Nicolas Maury) professeur et passionné par l’étude des lombrics, et sa nièce, qui cherche par tous les moyens à intégrer un pensionnat loin de cette famille originale.

La vie de Pierre va se trouver bouleversée par l’arrivée de la très fantasque Juliette Webb (Maud Wyler) dans sa gendarmerie, suite au vol de sa voiture par une nudiste membre d’un groupe révolutionnaire. La jeune femme a également perdu dans ce vol des dizaines de carnets, journaux intimes qu’elle tient depuis sa plus tendre enfance.

Il y a une inspiration de Wes Anderson dans cette comédie qui frôle souvent avec l’absurde. Juliette, aussi extravertie que Pierre est introverti, va le réveiller, le surprendre puis le séduire par sa vie et son énergie communicatives. On assiste à la naissance de cet amour dans un mélange de scènes improbables.

Que l’on adhère ou pas, on ne peut qu’admirer le style singulier du réalisateur/chroniqueur sportif et le jeu des acteurs, emportés dans cette mise en scène sans répit.

Le film était présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, et dans la section Panorama du Festival du Film Romantique de Cabourg.

© Anne-Sophie Rivereau