En 2019, Lorna, institutrice, part sur les routes de Cornouailles avec son fiancé Jon afin de trouver un lieu de réception pour leur mariage. Elle est irrésistiblement attirée par le dernier, qui semble tout d’abord accessible : le Manoir de Pencraw, aussi appelé Les lapins noirs. Elle y fait la connaissance de Caroline, vieille dame qui semble propriétaire des lieux, et Endillion, qui est à son service.

Charmée mais perturbée par cet endroit aussi immense qu’inquiétant, Lorna se souvient avoir trouvé une photographie ancienne d’elle et sa mère adoptive prise devant ce manoir des années auparavant.

Quarante ans avant vivaient ici pendant les vacances les Alton, Nancy et Hugo et leurs quatre enfants.

Ce nouveau roman Un Manoir en Cornouailles (« Black Rabbit Hall ») de Eve Chase -le pseudonyme de la journaliste britannique et romancière Polly Williams- publié en 2015 a été décrit comme « une lecture obligatoire pour les fans de Kate Morton et Daphné du Maurier » (BookPage). Il est vrai que l’on retrouve les Cornouailles si chères à l’auteure de Rebecca, l’atmosphère lourde et étrange des vieilles demeures, leur histoire, leurs fantômes aussi. A l’instar de Kate Morton, le lecteur évolue entre deux périodes différentes, les liens se révélant au fil du roman.

J’ai d’abord été peu convaincue, au début du roman, par le personnage de Lorna, par ses atermoiements, son lien avec son fiancé, la découverte de ce manoir qui semblaient être effectivement les éléments d’un roman de Daphné du Maurier, écrivain que j’affectionne particulièrement, mais loin d’être du même niveau dans les premières pages.

Après plusieurs dizaines de pages, on commence à véritablement s’attacher aux personnages des années 1960, ceux de l’époque actuelle restant relativement sans intérêt, tout juste des « agents de liaison » avec le passé. L’atmosphère est elle très bien rendue, la description du manoir, des pièces délaissées, des esprits qui semblent s’y promener, tiennent le lecteur en haleine. On surtaute, on cesse de respirer, on tremble, on hésite, à l’instar des personnages. Les extérieurs, la nature un peu rude et symbole de liberté des Cornouailles, deviennent un personnage à part entière.

« Elle sait que ce manoir va lui manquer, comme les lieux qui portent à réécrire la carte de votre vie, ne serait-ce qu’un peu, des lieux qui vous prennent une partie de vous-même et vous donnent en change un peu de leur esprit. »

Et finalement je n’ai plus quitté le roman avant de l’avoir terminé, car il y a aussi du suspens dans cette histoire familiale.

Si vous apprécié cet univers, c’est l’occasion de (re)découvrir l’oeuvre de Daphné du Maurier qui reste le maître du genre, avec notamment Rebecca ou l’Auberge de la Jamaïque. Je vous recommande également l’excellente biographie de Tatiana de Rosnay Manderley for Ever qui permet de découvrir la véritable histoire de l’écrivain.

© Deauville, on t’aime!

Quand sa vie personnelle et professionnelle bascule, Polly quitte Plymouth et part s’installer temporairement dans un endroit que son maigre budget lui permet, une toute petite ville portuaire d’une île des Cornouailles, liée au Continent par une unique route submersible. Le décor est posé !

 
Logeant dans une maison laissée à l’abandon, au dessus d’une ancienne boulangerie, elle va devoir réapprendre à vivre par elle-même. D’étranges rencontres, un tout nouvel environnement, un autre métier… Polly va peu à peu se laisser charmer par la ville et ses occupants. Au point de s’y installer ?

Jenny Colgan signe ici un savoureux roman qui dépayse.

494 pages – Pocket – 8€