Charlotte, mère célibataire, rencontre Simon, marié et père de famille, lors d’une soirée parisienne. En recherche d’un amant, elle le convainc qu’aucun attachement ne sera requis : une nuit sans attache. Simon doute, hésite, n’a pas l’habitude, se laisse convaincre et succombe. Le spectateur suit ce non-couple dans ses diverses rencontres pendant des mois, jusqu’à l’arrivée d’une tierce personne qui pourrait bien remettre en cause la perception que chacun a de la situation.
Emmanuel Mouret poursuit son marivaudage, non sans rappeler « Mademoiselle de Joncquières » qui avait valu au réalisateur un Swann d’Or au Festival de Cabourg en 2019. Il y a également présenté en 2021 « Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait ».
Cette nouvelle romance présentée également au Festival de Cabourg en 2022 après avoir figuré dans la sélection Cannes Premières du Festival de Cannes, revêt un air de comédie new-yorkaise comme « L’art d’aimer » sorti en 2011.
La succession de saynètes dans Paris évoque « Midnight in Paris » ou encore « Match Point » lors de la scène du badminton. Autant d’inspirations évocatrices du cinéma de Woody Allen, que le personnage de Vincent Macaigne semble réincarner avec ses angoisses, son débit saccadé, son introspection permanente. La démarche déliée de Sandrine Kiberlain et ses tenues masculines évoquent Diane Keaton .
Le couple Vincent Macaigne-Sandrine Kiberlain fonctionne à merveille. L’acteur nous surpend dans ce rôle d’homme inquiet et maladroit terriblement drôle et attachant.
Le côté bavard de ce badinage amoureux en lassera peut-être certains, mais l’ironie, la petite musique des dialogues, ce rythme si caractéristiques du réalisateur nous laissent une fois de plus sous le charme.
Vincent Macaigne & Emmanuel MouretL’équipe du film à Cabourg Sandrine Kiberlain et Georgia Scalliet
A bientôt trente ans, Julie vit à Oslo, en couple avec Aksel, dessinateur de BD à succès âgé de 45 ans. Jusqu’à ce qu’elle rencontre un inconnu lors d’une soirée…
Le réalisateur Joachim Trier signe ici une comédie romantique et dramatique qui soulève sans tabou les questions existentielles des jeunes de cette génération : choisir un travail et s’y tenir sans s’épanouir, ou se chercher et changer ; l’envie – ou non – d’avoir des enfants, la fidélité dans le couple… L’erreur serait de penser que parce qu’il s’agit d’un très beau portrait de femme, ces thèmes leur sont réservés. En effet le réalisateur a souhaité aborder des sujets qu’il a lui même expérimentés : « J’ai passé les 40 ans, j’ai vu mes amis vivre toutes sortes de relations de couple et j’ai ressenti le désir de parler d’amour, et de l’écart entre le fantasme de la vie que nous aurions rêvé de mener et la réalité de ce que sont nos vies. Le personnage de Julie a commencé à prendre forme : une jeune femme spontanée, qui croit qu’on peut changer de vie à sa guise et qui recherche ça, puis qui se retrouve un jour confrontée aux limites du temps et à celles de chacun y compris les siennes. Il n’y a pas un nombre infini d’opportunités dans une existence. » D’ailleurs il ne prétend pas avoir réalisé un exposé sur les femmes mais plutôt« comment les relations amoureuses reflètent nos attentes existentielles. Dans notre culture occidentale, on a été élevés dans l’idée que l’amour et la carrière sont les endroits où s’épanouit une vie. Ça dépasse donc le genre », explique le réalisateur.
S’il montre tout sans filtre, au risque parfois de choquer, Joachim Trier aborde tous ces sujets avec finesse et pertinence. Né au Danemark, le réalisateur a grandi en Norvège et adore le cinéma français qui l’a beaucoup influencé ; ainsi lors de la présentation du film a-t-il précisé qu’il s’était notamment inspiré du célèbre « Un Homme et Une Femme » de Claude Lelouch.
Le choix de ses acteurs principaux lui a permis de porter cette réflexion à son paroxysme avec des interprétations bluffantes des deux acteurs principaux : Anders Danielsen Lie, également médecin dans la vie, et qui tenait déjà le rôle masculin principal dans un précédent long-métrage du réalisateur Oslo, 31 août, et Renate Reinsve, qui y jouait un petit rôle -une seule réplique- : « On va faire la fête ! ». Et pourtant le réalisateur explique bien que depuis ce moment, il n ‘a cessé de suivre son évolution, principalement au théâtre faute de propositions au cinéma. Jusqu’à ce rôle qu’il écrit pour elle et qui vaudra à l’actrice un Prix d’interprétation Féminine au dernier Festival de Cannes. Malgré son jeune âge elle a su interpréter un personnage en proie à de nombreux conflits intérieurs « Julie porte en elle une forte mélancolie. Elle sabote ses relations amoureuses pour des raisons que je laisse à la libre appréciation du public, mais je pense que ce penchant autodestructeur est un aspect intéressant de sa personnalité. Julie est une « imperfectionniste ». Elle hésite entre tel ou tel homme comme dans toutes les comédies romantiques, mais au bout du compte, elle devrait surtout penser un peu à elle. » explique Joachim Trier.
Bien que je n’ai pas adhéré à certains éléments de rélaisation et que je mette un bémol sur la fin, ce film m’a émue aux larmes.
Avec ce grand rôle, Renate Reinsve est devenue dans son pays celle qui a été primé pour avoir interprété « The Worst Person in the World » (« la pire personne au monde », titre original du film). Quelle ironie.
En 2019 arrivait sur Netflix une série norvégienne de dix épisodes, qui se déroule au moment de Noël. Si nous sommes désormais habitués aux films de Noël qui fleurissent sur les chaînes de télévision et les plateformes dès début novembre, une série offre un format alternatif et réconfortant. Avec l’espoir de retrouver plus tard les personnages auxquels nous nous sommes attachés. C’est ce qui s’est passé avec Home for Christmas, qui, dévoilée en 2019, a proposé dès le 18 décembre 2020 une saison 2.
La série réalisée par Per-Olav Sørensen et Anna Gutto suit les péripéties d’une infirmière norvégienne, trentenaire et célibataire, à laquelle sa famille demande qui l’accompagnera pour le repas de Noël. Il ne lui reste donc que quelques jours pour rencontrer quelqu’un, et tous les moyens seront bons : speed-dating, sites de rencontres…
Vous vous attacherez sûrement très vite à la séduisante actrice Ida Elise Broch qui interprète l’héroïne, entourée d’un casting non moins sympathique : Arthur Hakalahti, Hege Schøyen, ou encore le sexy Felix Sandman.
L’autre atout de la série est aussi son atmosphère : si nous avons certes l’habitude de voir des films de Noël tournés sur des plateaux où règne la fausse neige et où les héros ne portent pas d’écharpe par -10°, cette série norvégienne nous propose des rues enneigées, des personnages portant bonnets écharpes et doudounes, et une vraie ambiance de Noël traditionnel.
Je vous recommande également de la regarder en version originale, car la langue fait partie du charme et du dépaysemment qu’offre Home for Christmas.
La saison 2 est encore plus prenante et touchante que la première, mais est malheureusement plus courte, ne comptant que 6 épisodes. Il faudra encore patienter jusqu’en décembre 2022 pour pouvoir retrouver ces personnages qui deviennent au fil du temps des amis qui semblent partager tant avec nous.
Love Life est une série romantique de la plateforme HBO Max, disponible depuis le mois de juillet 2020 sur OCS. Chaque saison suit la vie amoureuse d’un protagoniste. La première porte sur celle de Darby Carter, jeune New-Yorkaise interprétée par Anna Kendrick. Darby travaille dans un musée, vit en colocation avec sa meilleure amie Sarah (Zoë Chao) et son petit-ami Jim. Ils ressemblent au couple parfait tandis que Darby a une vie amoureuse plus compliquée. Dans le pilote elle rencontre Augie. Serait-il enfin la réponse à ses attentes ?
Chaque épisode se concentre sur sa relation avec un personnage en particulier, généralement un petit-ami mais parfois aussi une autre personne de sa vie, notamment sa meilleure amie. Chaque épisode, et ainsi chaque personnage, ont un impact sur sa vie, chacun à sa façon, la faisant grandir et évoluer.
Car si sa recherche amoureuse semble guider sa vie, est-ce vraiment ce que Darby recherche ? Ou sa quête est-elle plus profonde que cela ?
Ce qui n’aurait pu être qu’une énième comédie romantique sur une héroïne attachante vivant à New-York est en fait une excellente série très intelligente. Outre la bonne structure de chaque épisode de trente minutes, et un casting attachant, la richesse de « Love Life » tient surtout à l’évolution du personnage qui est montrée au fil de la saison, appuyée par une voix off présente juste ce qu’il faut, qui analyse les ressentis de l’héroïne avec une étonnante pertinence et une grande finesse psychologique. Anna Kendrick partage avec succès un large panel d’émotions.
J’irais jusqu’à dire que cette série peut agir comme une sorte de révélateur sur certains points, ce qui est d’autant plus rare à une époque où nous avons tendance à surconsommer des programmes comme des paquets de bonbons, plus comme un acte compulsif que comme un moment qui pourrait nous apporter quelque chose d’autre que de simplement passer le temps.
Depuis le 20 décembre 2021 la saison 2 est disponible sur OCS et Amazon Prime. Cette fois c’est un personne principal masculin qui sera à l’honneur : William Jackson Harper (The Good Place) y incarne Marcus, un homme fraîchement divorcé qui se retrouvera de nouveau confronter à l’univers (impitoyable) des rencontres.
Emily Walters (Diane Keaton), veuve américaine, vit dans une résidence cossue de Hampstead, quartier huppé au nord de Londres. Elle peine à s’occuper de ses papiers et à joindre les deux bouts depuis que son mari décédé semble lui avoir laissé plus de dettes que d’économies. Perchée dans son grenier, elle aperçoit un jour un homme, (interprété par Brendan Gleeson) qui semble vivre dans le parc. La cabane dans laquelle il vit depuis des années est menacée par des promoteurs immobiliers. Emily, jusque là désoeuvrée et menée par ses voisines et « amies », aurait-elle trouvé sa nouvelle cause ?
Le réalisateur Joel Hopkins avait gagné en 2001 au Festival du Cinéma Américain de Deauville le prix du Public de la Ville de Deauville pour « Mariage et conséquences » premier succès suivi ensuite par « Duo d’escrocs » et « Last chance for love ».
Il signe une jolie et bucolique carte postale de Hampstead, à l’instar de ce que « Coup de foudre à Notting Hill » de Richard Curtis avait fait pour ce quartier coloré. L’histoire en elle-même est digne d’une comédie romantique dans tout ce que cela comporte de douceur et d’invraisemblance.
L’histoire de Donald est elle en revanche basée sur des faits réels : Harry Hallowes, né en Irlande, vivait effectivement dans le parc, sans eau ni électricité. Si cette histoire dans l’histoire vous intéresse, je vous recommande la lecture de cet article. Car la réalité dépasse souvent la fiction.
A une semaine de leur mariage, Simon annonce à Lena qu’il est tombé raide dingue d’une autre. Pour couronner le tout, Lena est virée après une énorme bourde et se retrouve sans rien, obligée de camper chez son frère…
La jeune femme aimerait reprendre sa vie en main, mais rien ne se passe comme prévu. Elle qui espérait entrer dans une agence de relations publiques se retrouve à aider Otto, un vieux libraire bougon.
Lena n’est pas du genre à faire tourner la tête des hommes. Pourtant, ils sont plusieurs à papillonner autour d’elle et à lui vouloir du bien… En apparence, du moins.
Il s’agit du premier roman de l’auteure allemande Petra Hülsmann qui signe ici une comédie romantique très plaisante. Lena est une sorte de Bridget Jones allemande. Quand sa vie tourne soudain au cauchemar, elle doit reprendre les choses en main, et choisi de se fixer des objectifs à atteindre, tant sur le plan professionnel que sentimental. Alors qu’elle rêve d’entrer dans une agence de communication, l’héroïne va être engagée par le vieux libraire ronchon Otto dans une librairie poussiéreuse.
Si la couverture et le titre du roman peuvent faire craindre une lecture mièvre voire niaise, ne vous y fiez pas. Le style n’a rien à envier à ceux de Helen Fielding ou Lauren Weisberger. On suit les péripéties de Léna au long de ces 420 pages sans jamais subir de longueur et, même si l’on voit parfois où cela va nous mener, nous y allons toujours avec plaisir.
Si vous aimez celui-ci, le second roman de l’auteure « Un Petit Grain de Sable » a depuis été publiée aux éditions l’Archipel (22 Euros).
Perdrix est la première réalisation de Erwan Le Duc, une comédie romantique qui surprend, loin des sentiers battus du genre.
Pierre Perdrix (incarné par Swann Arlaud) est gardien de la paix dans les Vosges. Il mène une existence très -très- calme avec sa mère (Fanny Ardant), animatrice d’une émission de radio nocturne, son frère (Nicolas Maury) professeur et passionné par l’étude des lombrics, et sa nièce, qui cherche par tous les moyens à intégrer un pensionnat loin de cette famille originale.
La vie de Pierre va se trouver bouleversée par l’arrivée de la très fantasque Juliette Webb (Maud Wyler) dans sa gendarmerie, suite au vol de sa voiture par une nudiste membre d’un groupe révolutionnaire. La jeune femme a également perdu dans ce vol des dizaines de carnets, journaux intimes qu’elle tient depuis sa plus tendre enfance.
Il y a une inspiration de Wes Anderson dans cette comédie qui frôle souvent avec l’absurde. Juliette, aussi extravertie que Pierre est introverti, va le réveiller, le surprendre puis le séduire par sa vie et son énergie communicatives. On assiste à la naissance de cet amour dans un mélange de scènes improbables.
Que l’on adhère ou pas, on ne peut qu’admirer le style singulier du réalisateur/chroniqueur sportif et le jeu des acteurs, emportés dans cette mise en scène sans répit.
Le film était présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, et dans la section Panorama du Festival du Film Romantique de Cabourg.
l’actrice Maud Wyler
Maud Wyler et Erwann Le Duc au Festival de Cabourg à l’issue de la projection
Assistante juridique à Londres, Flora McKenzie était loin d’imaginer qu’on lui confierait un jour une mission à Mure, la petit île écossaise de son enfance. Une île qu’elle a quittée brutalement après la mort de sa mère, quelques années plus tôt.
De retour dans la ferme familiale Flora réapprend peu à peu à cohabiter avec son père et ses trois frères. Elle redécouvre aussi toute la beauté de mure, avec sa côte sauvage et sa longue plage de sable blanc.
Un matin, Flora trouve par hasard le vieux carnet de cuisine de sa mère. De tourtes en gâteaux, la jeune femme s’en donne à coeur joie, sans réaliser un seul instant que ces merveilleuses recettes sont sur le point de changer sa vie…
C’est en Ecosse que nous fait voyager Jenny Colgan dans cette nouvelle série. On retrouve de nouveaux les éléments récurrents de ses romans : une jeune femme, célibataire, qui abandonne tout pour refaire sa vie dans un lieu difficile d’accès et préservé, se consacre à la cuisine, rencontre un bel inconnu et est également toujours accompagnée d’un animal de compagnie plus ou moins sauvage.
Le style de l’auteure a évolué au gré de ses publications, et je trouve que dans ce dernier roman, les intrigues sont plus travaillées et les descriptions ont gagné en richesse. Ainsi la scène de Flora dansant en costume nous emporte-t-elle totalement.
Une fois commencé vous ne lâcherez plus ce roman, une bouffée d’air écossais ravigorant, un vrai régal.
Maggie (Greta Gerwig), universitaire, trentenaire célibataire, se sent prête à avoir un enfant. A défaut de compagnon, elle trouve un donneur pour une insémination artificielle. Le jour où celle-ci doit avoir lieu, elle fait la rencontre de John (Ethan Hawke), écrivain mal dans son mariage avec l’angoissée Georgette (Julianne Moore).
Rebecca Miller a choisi des acteurs expérimentés et sobres pour interpréter cette comédie tout en finesse sur les relations de couple. Loin des films habituels sur le sujet, la réalisatrice des « Vies privées de Pippa Lee » évite les scènes convenues pour nous proposer une nouvelle vision des choses, plus subtile et plus réfléchie. Plus proche de Woody Allen que de Bridget Jones.
Ce titre pourrait être celui d’une mauvaise comédie américaine à l’humour potache. Ne vous fiez pas à cette mauvaise traduction du titre original What if.
Il s’agit en effet d’une très jolie bluette, délicate et servie par des acteurs au jeu très juste et tout en finesse.
Wallace (Daniel Radcliffe) rencontre lors d’une soirée avec son colocataire (Adam Driver, remarqué dans Girls) Chantry -Zoe Karan -petite fille d’Elia Kazan, présente au Festival de Deauville avec Paul Dano en 2013 pour Elle s’appelle Ruby. S’il en tombe instantanément amoureux, cette dernière vit quant à elle depuis 5 ans avec un homme. Elle propose donc à Wallace de devenir amis. Pourra-t-il s’y tenir ?