La Bête dans la jungle, librement adapté de la nouvelle de Henry James, est l’histoire d’un huis clos vertigineux : pendant 25 ans, dans une immense boîte de nuit, un homme (John interprété par Tom Mercier) et une femme (May interprétée par Anaïs Demoustier) guettent ensemble un événement mystérieux. De 1979 à 2004, l’histoire du disco à la techno, l’histoire d’un amour, l’histoire d’une obsession. La « chose » finalement se manifestera, mais sous une forme autrement plus tragique que prévu.

Le court roman d’Henry James est paru pour la première fois en 1903 dans le recueil The Better Sort et est l’un de ses écrits les plus ambigus. Deux américains John et May tombent amoureux l’un de l’autre mais ne passent jamais à l’acte. John, ce personnage en dehors du temps qui n’ose vivre, de peur qu’un malheur, cette fameuse Bête, ne surgisse, sans qu’on connaisse sa nature.

Le réalisateur Patric Chiha transpose l’intrigue dans une boîte de nuit parisienne, entre 1979 et 2004. La musique, les tenues et les mœurs évoluent, mais la situation elle demeure.

Le film est hypnotique : la superbe photographie de Céline Bozon et la musique vous mettront en transe si vous êtes réceptifs à cette proposition. Sans réelle intrigue, il faudra vous laisser porter jusqu’au dénouement surprenant choisi par le réalisateur dans son adaptation. Outre l’esthétisme de ce long-métrage, le film tient en grande partie par le jeu des acteurs principaux : Anaïs Demoustier dont le personnage est aussi extraverti que celui de John incarné par Tom Mercier est introverti, quasi-mutique, tout en retenu. Béatrice Dalle est une physionomiste charismatique. Le personnage a été crée par le réalisateur pour l’actrice qu’il avait déjà dirigée en 2010 dans Domaine.

Le film était présenté à la 73e Berlinale et au 37e Festival du Film de Cabourg.

Sortie en salles le 16 août 2023 – 1h43 – Les Films du Losange

Ils ont été appelés en Algérie au moment des «événements» en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Adapté du roman éponyme de Laurent Mauvignier publié en 2009, Des Hommes restitue les destins brisés de ces jeunes hommes envoyés à une guerre à laquelle ils n’étaient pas préparés, assistant à des horreurs qu’ils n’auront pas l’opportunité de raconter à leur retour. Adultes, des années plus tard, ancrés dans leur quotidien, ils demeurent hantés par ces souvenirs, ces plaies. Par la culpabilité parfois également.

La force de cette réalisation est d’avoir su conserver le format du livre, qui fait sa richesse et sa force, et de le retranscrire à l’écran. C’est Lucas Belvaux lui-même qui en parle le mieux : « Laurent Mauvignier est un grand auteur mais on n’adapte pas un style. On peut en revanche adapter un procédé. Ici, ce sont les flash-backs, les soliloques, le récit non chronologique au fil de la pensée. » La voix off qui porte le texte d’origine permet de rendre hommage au livre mais également d’offrir un format original au film, de créer une proximité entre les personnages et le spectateur.

Le casting composé autant d’acteurs chevronnés que de jeunes talents contribuent également à la richesse de ce film : la voix de Catherine Frot, la puissance de Gérard Depardieu ou encore la retenue de Jean-Pierre Darroussin. Des Hommes est percutant et permet d’aborder un sujet rarement traité.

Le film faisait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes en 2020 et a été présenté en avant-première au Festival du cinéma américain de Deauville en septembre 2020.

Ad Vitam Distribution – 1h41 – Sortie le 2 juin 2021

L’équipe du film présente au Festival du cinéma américain de Deauville, septembre 2020
© Deauville, on t’aime !

Ad Vitam Distribution – 1h41 – Sortie le 2 juin 2021

En 1857, le lexicographe et philologue écossais James Murray (Sean Penn) est embauché pour compiler la première édition de l’Oxford English Dictionary, ouvrage qui deviendra un dictionnaire de référence. Il évalue cette tâche monumentale lui prendra entre cinq et sept ans. Le Professeur décide alors de lancer un appel à soumissions, espérant recevoir l’aide de nombreux collaborateurs bénévoles du monde entier… Chester Minor (Mel Gibson), un chirurgien militaire américain souffrant de schizophrénie et de syndrome post-traumatique depuis la guerre de Sécession, va débuter une correspondance avec lui et soumettre plus de 10 000 entrées pour le dictionnaire, alors même qu’il est interné dans un hôpital psychiatrique britannique pour l’assassinat d’un innocent lors d’un moment de folie.

Inspiré d’une histoire vraie, le film raconte de façon classique mais très prenante l’histoire passionnante de cette véritable épopée que fût la création de ce dictionnaire. Mel Gibson et Sean sont tous deux brillants dans leurs interprétations et offre un très beau duo, entouré par un casting de second rôles à la hauteur, parmi lesquels (Nathalie Dormer et Laurence Fox.

Mel Gibson avait acquis il y a de nombreuses années les droits du roman de Simon Winchester « The Surgeon of Crowthorne » (« le Fou et le Professeur », Flammarion), mais avait dû laisser le projet en suspens. S’il avait d’abord souhaité le réalisé lui-même, il laissa finalement les rênes à Farhad Safinia, avec lequel il avait écrit le scénario de son « Apocalypto » en 2006. Il s’agit ici du premier long métrage du réalisateur né à Téhéran et qui a notamment étudié au King’s College de Cambridge.

Ce film a connu bien des déboires, ce qui explique notamment qu’il soit sorti trois ans après la fin du tournage (2016). Il y a notamment eu des conflits entre certaines sociétés de production. Le tournage avait pris du retard, entraînant un dépassement de budget, et des producteurs ont refusé d’accorder au réalisateur cinq jours de tournage supplémentaires à Oxford.

En 2017, Mel Gibson et sa société de production ont même intenté une action contre Voltage Pictures, leur reprochant d’avoir refusé ces jours de tournages supplémentaires ainsi que le final cut du réalisateur. La justice l’a débouté de sa demande et le litige a finalement été réglé à l’amiable, mais Mel Gibson et Farhad Safinia ont préféré prendre leurs distances avec ce film, estimant que la version sortie ne leur convenait pas. Le réalisateur est ainsi crédité sous le pseudonyme de P.B. Shemran, tandis que Mel Gibson a refusé de participer à la promotion du film, à l’instar de Sean Penn.

Aux Etats-Unis, le film n’a connu qu’une sortie limitée en salles puis en vidéo à la demande. En France il est sorti directement en vidéo en 2019 et a ensuite été présenté hors compétition au Festival du Cinéma Américain de Deauville en septembre 2020.

Source : Club 300, Variety, Deadline, The Hollywood reporter, Deadline,Wikipédia,

« Mel Gibson Sues Producer for Sabotaging « Labor of Love » Film » [archive du ], sur The Hollywood Reporter, 31 juillet 2017 

Eriq Gardner, « Mel Gibson Loses Court Bid to Reclaim Rights to ‘Madman’ Film » [archive], sur The Hollywood Reporter, 20 juin 2018

Dominic Patten, « Mel Gibson On ‘The Professor & The Madman’ ‘Disappointment’ & Legal Battle » [archive], sur Deadline, 6 avril 2019

Charles Barfield, « ‘The Professor And The Madman’ Trailer: Mel Gibson & Sean Penn Star In Film That Has Been Involved In Real-Life Legal Drama »

C’est l’actrice Tilda Swinton que le réalisateur espagnol Pedro Almodovar a choisi pour son interprétation libre de « La Voix Humaine » de Cocteau. Ce court-métrage est sa première réalisation en langue anglais et était présentée hors compétition à la Mostra de Venise en septembre 2020.Le film devait sortir le 6 janvier 2021 et sortira finalement directement en DVD et VOD le 19 mars.

Cet hiver a été tournée une adaptation du livre de Victoria Mas « Le Bal des folles », Prix Renaudot des Lycées 2019. Il s’agit du tout premier film français pour Amazon Prime Video. Le film est co-écrit, réalisé et joué par Mélanie Laurent.La sortie sur la plateforme est attendue pour 2021.Aviez-vous lu le livre ? Vous aimez voir vos romans préférés adaptés au cinéma ? Ou vous craignez d’être déçus ? Dites-moi ce que vous en pensez !

Petit rappel de l’histoire avec la quatrième de couverture : « Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles, d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques. Ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle. »

#albinmichel #amazonprimevideo #MelanieLaurent

Ce 9 février, vous pourrez profiter d’une sortie cinéma … à la télévision avec Canal+ qui diffuse en prime time « THE NEST », long-métrage qui a remporté trois prix au Festival du Cinéma Américain de Deauville.

Dans les années 1980, Rory (Jude Law), un ancien courtier Londonien installé aux Etats-Unis, convainc son épouse américaine Allison (Carrie Coon) et leurs deux enfants de quitter le confort d’une banlieue cossue des Etats-Unis pour s’installer dans son Angleterre natale. Persuadé d’y faire fortune, Rory loue un vieux manoir en pleine campagne où sa femme pourra continuer à monter à cheval. Mais les affaires ne se développent pas comme espéré, et l’équilibre familial se fissure.

« The Nest » est le second long-métrage de Sean Durkin, après « Martha Marcy May Marlene » qui lui a permis en 2011 de remporter le Prix du meilleur réalisateur au Festival de Sundance. Le réalisateur est également connu comme producteur pour « Afterschool » d’Antonio Campos, « Two Gates of Sleep » d’Alistair Banks Griffin (2010) et « James White » de Josh Mond (2015), tous présentés en compétition au Festival du Cinéma Américain de Deauville.

Et c’est dans l’édition très spéciale de 2020 de ce même Festival que « The Nest » a remporté le Grand Prix, le Prix de la Révélation et le Prix de la Critique. Un hold-up donc, qui est pourtant surprenant.

Tout à la fois critique de l’ambition sociale, de la recherche absolue d’ascension et de la destruction progressive d’une vie familiale, le réalisateur a aussi instillé une part de fantastique. Mais une petite part seulement et c’est bien là le problème. Cette grande demeure vide et parfois étrange aurait été un terrain de jeux propice à ce genre qui n’est finalement pas du tout développé. Ainsi à force d’hésiter entre plusieurs genres : drame, thriller et fantastique, le spectateur se perd et reste totalement sur sa faim. Ce qui est d’autant plus dommage avec un tel casting, tout particulièrement Carrie Coon qui montre dans ce premier grand rôle au cinéma toute l’étendue de son talent.

Nouveauté disponible sur OCS, cette mini-série HBO de six épisodes est une adaptation du roman de Jean Hanff Korelitz, « Les premières impressions », réalisée par Susan Brier, à qui l’on doit notamment « The Night Manager » et « Revenge ». Le scénariste et showrunner n’est autre que David E. Kelley, à l’origine de « Ally McBeal » et beaucoup plus récemment « Big Little Lies ». Nicole Kidman, déjà présente dans cette dernière, tient ici le rôle principal, aux côtés d’Hugh Grant.

Elle incarne une thérapeute reconnue mariée à un médecin qui l’est tout autant. Ils vivent avec leur fils Henry dans un quartier huppé.Leur couple aisé semble avoir une vie idyllique, jusqu’au jour où la mère d’un camarade d’école d’Henry est retrouvée assassinée à coups de marteau. Les révélations s’enchaînent, faisant passer le spectateur au-delà des apparences, jusqu’à la révélation finale. Plus que l’enquête policière, c’est l’analyse psychanalytique qui domine. Nicole Kidman est ici de nouveau une « desperate housewife », tandis qu’Hugh Grant est lui dans un rôle totalement à contre-emploi qui lui va à merveille. Il n’a pas son pareil pour véhiculer un tel cynisme doublé d’humour british irrésistible.

La réalisation demeure plutôt classique, avec une tendance à la lenteur et l’esthétisme comme dans « Big Little Lies ». Le grand final n’est lui pas si surprenant. Le titre original du roman est « You should have known ». Et vous, saviez-vous ?

C.B. Strike est une série télévisée britannique basée sur les romans policiers de J.K. Rowling mais écrits sous le pseudonyme de Robert Galbraith. La série a débutée en 2017 et se compose de trois parties correspondant aux différents ouvrages de l’auteur : The Cuckoos’s Calling, The Silkworm et Career of Evil.

A travers ces sept épisodes nous suivons Cormoran Strike, vétéran de l’armée devenu détective privé à Londres, et évoluant dans un petit bureau contigu à son appartement. Il sera aidé dans ses enquêtes de Robin Ellacott, interprétée par Holliday Grainger (Bel-Ami, the Borgias, Cendrillon).

Le duo avec l’acteur Tom Burke (Les Mousquetaires, Guerre et Paix, Rochester) fonctionne très bien, et l’acteur principal incarne parfaitement le héros de la fameuse auteure de la saga Harry Potter.

Le second tome -et la seconde partie de la série- The Silkworm est moins passionnante et la réalisation, moins plaisante.

C.B. Strike n’en reste pas moins une excellente adaptation et l’on prend plaisir à suivre cette série, dont on attend avec impatience la suite.

Disponible sur OCS

Pendant la guerre de Sécession, un soldat blessé (Colin Farrell) est recueilli dans un pensionnat de jeunes filles (parmi lesquelles on retrouve Kirsten Dunst et Elle Fanning), dirigé par miss Martha (Nicole Kidman). Les pulsions du soldat vont chercher à s’exprimer dans cette atmosphère 100% féminine où les jeunes femmes, tous âges confondus, vont chacune à leur façon entrer dans un jeu de séduction avec le convalescent.

Le roman de Thomas P. Cullinan avait déjà été adapté par Don Siegel en 1971 avec Clint Eastwood. Cette adaptation de Sofia Coppola baigne dans une atmosphère moite du Sud, à la lumière des chandelles, semant le doute sur l’identité de la victime et du bourreau.

Comme toujours la réalisation de Sofia Coppola est léchée, dans un univers féminin qui n’est pas sans rappeler celui de  « Virgin Suicides ». Encore une belle interprétation de Nicole Kidman dont 2017 était définitivement l’année. Néanmoins j’ai été plutôt déçue, je n’ai pas réussie à être emportée par le film malgré la photographie et les costumes. Un thriller tendance psychologique dans lequel Kirsten Dunst est loin de faire des étincelles.