Ruben (Riz Ahmed) et Lou (Olivia Cooke, actrice principale de Katie says goodbye), sillonnent les États-Unis dans leur caravane, allant d’une ville à l’autre pour donner des concerts. Alors que sa copine hurle dans le micro, Ruben, lui, l’accompagne à la batterie. Mais un jour, il n’entend plus qu’un bourdonnement étouffé. Le diagnostic du médecin est sans appel : Ruben souffre d’une perte auditive et sera bientôt sourd. L’anxiété et la dépression le guettent, et Lou s’inquiète qu’il ne replonge dans ses anciennes addictions. Le couple va devoir prendre une décision difficile : s’éloigner le temps que Ruben s’installe dans une communauté où les personnes malentendantes apprennent à vivre avec leur surdité.

Cette première réalisation de Darius Marder est plus qu’un simple film sur le fait de devenir malentendant : il s’agit d’une véritable expérience cinématographique totalement perturbante tant elle semble réaliste. Le réalisateur a choisi comme il l’explique de se concenter sur le POH, i.e. « Point Of Hearing », que l’on pourrait traduire par « ce que l’on entend », par opposition au traditionnel « point of view », point de vue.
En effet, l’objectif du film est de donner l’impression au spectateur de subir les mêmes sensations que le héros. Et tant la technique que l’interprétation fabuleuse de Riz Ahmed nous donnent vraiment l’impression de perdre progressivement l’audition, à tel point que l’expérience en est aussi surprenante que dérangeante.
Afin d’aider l’acteur dans son interprétation, le tournage a été chronologique pour que chaque étape soit vécue et interprétée dans une suite logique. Riz Ahmed était par ailleurs équipé d’oreillettes, grâce auxquelles le réalisateur avait le contrôle de régler à distance l’intensité sonore, ou même de couper complètement le son en mettant un son blanc, ainsi l’acteur n’entendait plus sa propre voix, ou alors de de façon atténuée.
Pour aller au bout de la démarche, le film a été adapté aux sourds et malentendants et est entièrement sous-titrée de façon à décrire les sensations pour les spectateurs ne pouvant les entendre.
Outre la prouesse technique et l’excellente réalisation, le message est également très beau car le film porte sur l’acception de la surdité, et ne pas considérer cela comme un handicap ou quelque chose de cassé qu’il faudrait réparer à tout prix. Ce qui compte à partir de ce moment est de retrouver la sérénité, tout en acceptant.
Après avoir participé au scénario de The Place beyond the pines en 2012, l’idée de ce film est venue à Darius Marder lors d’une discussion qu’il a eue avec Charlotte Gainsbourg. l’actrice lui a présenté Mathieu Amalric -qui fait une apparition à la fin du film- qui lui a fait rencontrer Arthur H. Le musicien, qui apparaît très brièvement, a composé la dernière chanson du film.
Dans cette production franco-belge, l’acteur principal n’a pas dû être trop dépaysé. En effet l’acteur-rappeur Riz Ahmed a travaillé aux cotés de Jean-Jacques Annaud dans Or Noir et de Jacques Audiard dans Les frères sisters.
Le film a été récompensé au Zurich Film Festival, aux BAFTA où il a obtenu les prix du meilleur son et du meilleur montage et les Oscars correspondant.
Sony Pictures Releasing International – 2h