Autour de 1820, « Cookie » Figo­witz (John Magaro), un cui­si­nier expé­ri­men­té soli­taire et taci­turne, voyage vers l’ouest et finit par rejoindre un groupe de trap­peurs au fin fond de l’Oregon. Là, il se lie d’amitié avec King-Lu (Orion Lee), un immi­grant d’origine chi­noise qui cherche aus­si à faire for­tune. Ils vont rapi­de­ment s’associer pour créer une petite entre­prise pros­père, uti­li­sant une vache lai­tière très pri­sée par un riche pro­prié­taire (Toby Jones) des envi­rons pour fabri­quer des gâteaux…

Voici le pitch.

Et voici une photo tirée du film.

Donc à partir de là personnellement j’avais imaginé un western dans de beaux décors américains, avec un garçon sympathique qui fait des gâteaux, une sort de Festin de Babette au pays des orpailleurs. Mais en fait pas du tout.

Après une première heure de quasi-documentaire, sans autre son qu’une petite musique un brin agaçante, un embryon d’action et de dialogues se profilent à l’horizon. Et le spectateur pense alors avec une lueur d’espoir alors que le film va (enfin !) démarrer. Une relation se noue entre Cookie le pâtissier et King-Lu, qui le pousse à poursuivre dans sa confection de gâteaux pour amasser de l’argent et pouvoir s’en aller vers l’ouest. Iront-ils trop loin ?

L’histoire est en soi intéressante, mais le traitement est trop hermétique. La réalisatrice Kelly Reichardt place toujours au centre de ses réalisations les grands espaces américains et des récits de voyages, comme dans Old Joy ou La dernière piste. Mais l’aridité de la première heure du film pourrait en dissuader plus d’un, d’autant que le thème aurait pu être intéressant mais est finalement peu développé.

Ici pas de grands espaces et de beaux paysages, mais la vie hostile de trappeurs au début du XIXe en Oregon. Le problème semble ici l’hésitation entre la réalisation d’un documentaire et l’adaptation d’un format court, une nouvelle, trop peu développée. A trop hésiter, le spectateur est perdu.

First Cow est en effet le résultat d’une nouvelle collaboration entre Kelly Reichardt et le nouvelliste et scénariste Jonathan Raymond. Ce dernier, persuadé que « le format de la nouvelle est bien plus adapté au film [que le roman]. Le ratio est assez direct », avait ainsi adapté Old Joy, réalisé par Kelly Reichardt qu’il venait alors de rencontrer. Le film a été présenté au Festival de Sundance et au Festival international du film de Rotterdam. En 2008, il co-écrit pour elle le scénario de Wendy et Lucy, encore adapté de l’une de ses nouvelles.

Kelly Reichart a été récompensée du Prix du Jury au 46e Festival du cinéma américain de Deauville en 2020, après y avoir remporté le Grand Prix en 2013 avec son thriller écologique Night Moves.


A24 – 2h02 – Sortie en salles le 20 octobre 2021