Quatrième de couverture :

– Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J’y retourne cet hiver, je t’emmène.

– Qui est-ce ? – La panthère des neiges. Une ombre magique !

– Je pensais qu’elle avait disparu, dis-je.

– C’est ce qu’elle fait croire.

L’écrivain Sylvain Tesson est reparti à l’aventure aux côtés du photographe Vincent Munier, ainsi que de sa compagne réalisatrice de documentaire et d’un philosophe. La majorité de leur temps sera consacrée à l’affût, « position antimoderne par excellence« , par opposition à la frénésie actuelle qui nous agite en tous sens, sans plus jamais prendre le temps d’observer, d’admirer, de s’étonner.

L’auteur décrit ainsi leurs pérégrinations tout en philosophant comme à son habitude, jusqu’à la description de l’Apparition tant espérée.

Cette quête est finalement l’occasion d’une autre révélation : la fin n’est pas nécessairement le plus important : « Cette acceptation de l’incertain me paraissait très noble – par là même anti-moderne ». Le chemin, l’attente, l’espoir, l’anticipation sont souvent bien plus riches de découvertes. « L’essentiel n’est-il finalement pas la patience, l’acceptation aussi que le résultat ne sera pas forcément celui attendu. »

En cette période particulière que nous traversons, les pensées de Tesson sonnent plus justes que jamais. Notre civilisation réalisera-t-elle enfin les merveilles que nous négligeons ou détruisons ?

« Il est plus difficile de vénérer ce dont on jouit déjà que de rêvasser à décrocher les lunes ».

La panthère des neiges est terriblement d’actualité, ce nouvel ouvrage de l’auteur mène conduit à une reflexion qui va bien au-delà du « voyage ». Il a été récompensé du Prix Renaudot 2019.

Je vous recommande aussi Dans les forêts de Sibérie, Prix Médicis essai 2011 et adapté au cinéma par Safy Nebbou (adaptation par ailleurs très décevante comparée à la richesse du livre) et interprété par Raphaël Personaz.

167 pages – Gallimard – 18€

© Anne-Sophie Rivereau

Safy Nebbou a -très librement- adapté le livre éponyme de Sylvain Tesson.

Teddy quitte tout pour partir s’installer au bord d’un lac en Sibérie, à des kilomètres de toute présence humain. Sa seule compagnie: ses livres avec lesquels il est venu.

Si dans le livre cette activité tient une place prédominante, conduisant le personnage à l’introspection, portée notamment par les écrits de Huysmans, le film a délaissé cet aspect pour se concentrer sur la survie en milieu hostile et la naissance d’une amitié forte entre le protagoniste et un Russe en fuite qui vit dans la forêt depuis déjà de nombreuses années.

Si vous avez lu le livre je vous recommande de vous en détacher totalement afin d’appréhender le film avec un oeil dépourvu de jugement. S’il ne lui est guère fidèle, il reste néanmoins bien réalisé, avec une belle photographie et servi par l’interprétation de Raphaël Personnaz, un habitué des Journées Romantiques de Cabourg où était présenté le film en avant-première.

A voir

En 2012, Sylvain Tesson a décidé avec plusieurs de ses amis de commémorer le bicentenaire de la retraite de Russie en refaisant le trajet de la Grande Armée, de Moscou aux Invalides en side-car.

Berezina a été élu meilleur livre de voyage 2015 par le magazine Lire et reçu le Prix des Hussards 2015 ainsi que le Prix littéraire de l’Armée de Terre – Erwan Bergot 2015.

Tout aussi dépaysant que Dans les forêts de Sibérie, cet opus cependant plus accessible. Les nombreuses citations et références littéraires ont cédé la place aux faits historiques.

205 pages – Folio –