Les 26 juillet se suivent et ne se ressemblent pas… C’est le jour où ils se sont rencontrés, celui où ils se sont aimés, où ils se sont séparés. Sept rendez-vous entre un danseur professionnel et une conductrice de taxi dans le Tokyo d’aujourd’hui.

Le nouveau film du réalisateur japonais Daigo Matsui se compose de 7 chapitres et débute par la période la plus récente. Le spectateur suit les différentes étapes de la vie de ce couple de la rencontre à la rupture, entrecoupées de rencontres avec des personnages secondaires récurrents pour certains. Si le film peut sembler manquer de clarté pour certains du fait de sa construction, c’est plus son atmosphère mélancolique qui fait son charme.

Après un début de carrière comme scénariste pour la télévision, ses premiers longs métrages ont été présentés dans des festivals internationaux : Wonderful World End (2015), sélectionné à la Berlinale, ou Japanese Girls Never Die (2016), présenté au Festival de Rotterdam. Rendez-vous à Tokyo réalisé en 2022 a remporté le prix du public au Festival International du film de Tokyo et est le premier film du réalisateur à être sorti en France, le 6 juillet afin de correspondre à son film.

Le film était présenté en compétition au Festival du Film de Cabourg.

Japon – 2022 – 1h55 – Sortie 26 juillet 2023 – Art House Films


Scène de la vie tristement ordinaire : dans le métro parisien un soir à l’heure de pointe, une femme et un homme entament une dispute dans un rame saturée. Leur énervement se transforme en désir et six-minutes-dans-un-photomaton plus tard, Nathalie et Aymeric, libérés de cette tension, ont la nuit devant eux. Choisiront-ils de se dire au revoir ou de prolonger cette parenthèse ?

Dans un Paris de nuit, habité par d’autres personnages, le spectateur suit ce couple et redécouvre la beauté d’une rencontre, d’un échange, la découverte de l’autre.

La nouvelle réalisation d’Alex Lutz a le romantique de la trilogie de Richard Linklater Before Sunrise -Before Sunset – Beofre midnight avec Ethan Hawke et Julie Delpy, et la trivialité de J’me sens pas belle avec Marina Foïs. Et comme l’être humain, c’est ce qui fait sa beauté.

Entre humour, punch lines et beaux moments, Alex Lutz réussi une fois de plus à nous étonner. Son charme crève l’écran un peu plus chaque année, et réussir des deux côtés de la caméra n’est que plus estimable.

Une Nuit était présenté en clôture de la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes 2023 et dans la catégorie Panorama du Festival du Film de Cabourg les Journées romantiques.

Sortie en salle le 5 juillet 2023 – 1h30 – StudioCanal

Charlotte, mère célibataire, rencontre Simon, marié et père de famille, lors d’une soirée parisienne. En recherche d’un amant, elle le convainc qu’aucun attachement ne sera requis : une nuit sans attache. Simon doute, hésite, n’a pas l’habitude, se laisse convaincre et succombe. Le spectateur suit ce non-couple dans ses diverses rencontres pendant des mois, jusqu’à l’arrivée d’une tierce personne qui pourrait bien remettre en cause la perception que chacun a de la situation.

Emmanuel Mouret poursuit son marivaudage, non sans rappeler « Mademoiselle de Joncquières » qui avait valu au réalisateur un Swann d’Or au Festival de Cabourg en 2019. Il y a également présenté en 2021 « Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait ».

Cette nouvelle romance présentée également au Festival de Cabourg en 2022 après avoir figuré dans la sélection Cannes Premières du Festival de Cannes, revêt un air de comédie new-yorkaise comme « L’art d’aimer » sorti en 2011.

La succession de saynètes dans Paris évoque « Midnight in Paris » ou encore « Match Point » lors de la scène du badminton. Autant d’inspirations évocatrices du cinéma de Woody Allen, que le personnage de Vincent Macaigne semble réincarner avec ses angoisses, son débit saccadé, son introspection permanente. La démarche déliée de Sandrine Kiberlain et ses tenues masculines évoquent Diane Keaton .

Le couple Vincent Macaigne-Sandrine Kiberlain fonctionne à merveille. L’acteur nous surpend dans ce rôle d’homme inquiet et maladroit terriblement drôle et attachant.

Le côté bavard de ce badinage amoureux en lassera peut-être certains, mais l’ironie, la petite musique des dialogues, ce rythme si caractéristiques du réalisateur nous laissent une fois de plus sous le charme.

14 septembre 2022 – 1h40 – Pyramide Distribution

Noémie Merlant est une jeune actrice dont le talent fût vite reconnu. Sous des dehors timides, sa présence, et le mélange de force et de délicatesse qui se dégagent d’elle lui ont rapidement valu de se démarquer. Après plusieurs nominations notamment aux César en 2017, elle reçut une première récompense en 2020 pour son interprétation dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, présenté au Festival de Cabourg.

Loin de s’en contenter, Noémie Merlant est également passée derrière la caméra pour réaliser des courts métrages, notamment Shakira en 2019 qui remportera le Prix Spécial du Jury au Festival de Cabourg. C’est à l’occasion de ce tournage qu’elle a fait la rencontre de Gimi Covaci. A l’occasion d’un séjour en Roumanie tous ensemble chez sa famille, et avec l’envie de tourner un nouveau film ensemble, ils décident de réaliser un long-métrage, autobiographique : Mi Iubita, Mon Amour en 2020, dans lequel ils interprètent tous deux leurs rôles, aux côtés des amies de l’actrice : Sandra Codreanu, Clara Lama-Schmitt et Alexia Lafaix. Noémie Merlant y interprète Jeanne, qui part fêter son enterrement de vie de jeune fille en Roumanie avec des amies. Elle rencontre Nino et sa famille. Tout les sépare. C’est le début d’un été passionnel et hors du temps.

Décidé en dernière minute et avec un temps limité, le tournage s’est fait « à la sauvage », ce qui correspond au sentiment d’urgence de leurs personnages dépourvus dans un pays étranger. Cela exacerbe également les émotions qui se dégagent des personnages. Ils sont filmés à une distance permettant de respecter leur pudeur.

Ce très beau premier long-métrage faisait partie de la sélection officielle à Cannes en 2021 et était également présenté dans la section Panorama du Festival du film de Cabourg.

13 juillet 2022 – 1h35

Les femmes commencent à être nombreuses dans l’espace. Après Sandra Bullock dans Gravity et Eva Green plus récemment dans Proxima, c’est au tour d’Hilary Swank d’explorer cette zone à l’occasion de la première expédition sur Mars, dans une série Netflix.

Plus qu’aux prouesses technologiques, la série s’intéresse surtout à la psychologie des personnages. Celle de l’héroïne Emma Green interprétée par l’oscarisée Hilary Swank, crédible en commandant de bord mais qui doit gérer sa son sentiment de culpabilité de laisser derrière elle sa fille adolescente, interprétée par Talitha Bateman, et son mari victime d’une attaque, Josh Charles (vu dans The Good Wife).

Si le film Proxima d’Alice Winocour était majoritairement axé sur le cheminement des personnages avant le départ, Away se déroule en grande majorité dans l’espace. Et les autres personnages qui entourent le commandant ont également tous leurs faiblesses et leurs secrets, dévoilés au fil des épisodes qui font chacun le focus sur l’un d’entre eux : un vétéran russe (Mark Ivanir) qui doute des compétences du commandant, une scientifique chinoise (Vivian Wu), un pilote indien (Ray Panthaki) et un jeune plein de foi (Ato Essandoh, vu en policier dans Elementary). Si l’aspect psychologique fait la richesse de la série, certains épisodes souffrent de grandes longueurs, qui donneraient parfois envie de passer à l’épisode suivant.

Néanmoins l’interprétation de tous les acteurs, excellant chacun dans leur rôle, ainsi que la réussite des effets spéciaux méritent de s’intéresser à cette série. Malheureusement si elle était prévu par ses créateurs Andrew Hinderaker (« Penny Dreadful ») et Jason Katims (« Friday Night Lives ») pour durer, elle ne connaitra pas de saison 2, qui devait se dérouler sur Mars. La série, numéro un du top Netlfix plusieurs jours de suite, a été annulée, probablement à cause du budget.

Le jeune Daniel (Cress Williams), fils d’un Marine, perd sa sœur aînée victime d’un assassinat. Quinze ans plus tard, le jeune homme est garagiste et espère suivre les traces de son père. Il fait la connaissance de Cassie, lycéenne douée et pétillante en dernière année. Une relation amoureuse va naître entre eux, mais l’ombre des drames passés plane au-dessus d’eux.

Ce drame est la quatrième réalisation du scénariste et réalisateur Kerem Sanga, qui avait été récompensé en 2016 au Festival de Sundance pour son long-métrage First Girl I Loved.

L’intrigue débute bien et serait plutôt intéressante, d’autant qu’elle est bien interprétée. Néanmoins l’un des éléments principaux est deviné très vite, et les ficelles deviennent trop grosses, perdant en crédibilité à la fin.


1h47

Trois his­toires qui évoquent l’amour, la fidélité et l’amitié. Il y a d’abord Two for Din­ner dans laquelle un couple marié qui vit tem­po­rai­re­ment loin l’un de l’autre tente de maintenir une relation proche et romantique avec FaceTime. Dans Sai­ling Les­son un vieux couple tente de raviver la flamme mais se retrouve dans une situa­tion inat­ten­due. Late Lunch dans laquelle une jeune femme qui vient de perdre sa mère invite à déjeu­ner les amies de la défunte afin d’évoquer son sou­ve­nir. Des révé­la­tions vont écla­ter au grand jour.

Cette comédie dramatique d’Eleanor Coppola (l’épouse du réalisateur Francis Ford Coppola) était sa seconde réalisation, à l’âge de 84 ans, ce qui constitue un record car elle a été la femme la plus âgée à réaliser son premier film : Paris can Wait disponible sur Netflix.

Le beau casting d’acteurs (Joanne Whalley, Chris Messina, Rosanna Arquette) ne suffit pas à sauver ce film. Le premier tableau est touchant quand l’on pense que cela a été pensé par une femme qui n’est absolument pas de la génération du numérique. Le dernier tableau s’étend lui en longueurs, avec une alternance entre platitudes et bons sentiments le tout complété par de ridicules clichés sur la France.

Même dans une comédie américaine, la mièvrerie et les références à la France sont à manier avec précaution, sous peine de tomber dans le ridicule. L’écueil n’a malheureusement pas été éviter.

Bon­jour Anne – 1h31

Présenté dans la compétition longs métrages du Festival du Film Romantique de Cabourg, ce film n’était peut être pas le mieux réalisé, ni le plus beau esthétiquement, mais il se passait définitivement quelque chose pendant sa projection.

Bloqués dans un hôtel de Vilnius en Lituanie par le nuage de cendres du volcan islandais, une architecte française (Marie-Josée Croze) et un DJ finlandais (Mikko Nousiainen) vont se charmer, se frôler, se tenir compagnie et s’agacer pendant deux nuits.

La magie opère, l’alchimie et une attirance palpable entre les deux personnages nous tiennent en émoi jusqu’à la fin proposée par le réalisateur.

 

Marie-Josée Croze © Anne-Sophie Rivereau

 

Réalisé par Eric Besnard, le film met en scène Louise (Virginie Efira), jeune veuve et maman de deux enfants qui tente de sauver l’exploitation arboricole de son mari. Elle va faire la rencontre de Pierre (Benjamin Lavernhe, de la Comédie française), au comportement assez singulier.

Le syndrome d’Asperger est ici abordé d’une façon sensible et intelligente, sous l’angle des émotions ressenties par les personnes atteintes. Un soin tout particulier a ainsi été apporté à la photographie et au travail de la lumière, qui agissent comme autant de révélateurs de l’hypersensibilité qui caractérise cette forme d’autisme.

La finesse de la réalisation est servie par l’excellente interprétation de Benjamin Lavernhe.

Sortie le 23 décembre 2015.