Emma vit à New York. Brillante oenologue, cette célibataire de trente-deux ans cherche l’homme de sa vie. Matthew lui vit à Boston, est veuf, et père d’une petite fille dont il s’occupe seul dans sa jolie maison typique.

Ils vont se rencontrer grâce à un e-mail et organiser un rendez-vous à Manhattan. S’ils y vont bien le même jour à la même heure, et dans le même restaurant, ils ne se croiseront pas.

L’un d’eux ment-il ?

Outre la distance physique, un décalage temporel les sépare comme vous l’aurez sans doute compris. Les lecteurs qui ont vu le film « Entre deux rives » avec Keanu Reeves et Sandra Bullock le comprendront encore plus rapidement. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, sinon il n’y aurait pas plus de cinq cent pages dans ce roman. En effet, l’histoire tourne rapidement au thriller, habillement mené comme toujours avec Musso. L’écrivain a l’art de vous menez par le bout du nez jusqu’à ce que vous finissiez son roman !

Si je n’ai pas lu tous ses romans, je peux en revanche affirmer sans hésitation que parmi ceux que j’ai lus, « Demain » m’a semblé au dessus de la mêlée. Outre une histoire à priori invraisemblable et qui finit par sembler totalement réaliste, l’auteur décrit aussi avec sensibilité et intelligence les personnalités et les sentiments de ses personnages. Si Matthew fait face au deuil et à la difficulté de laisser entrer une nouvelle femme dans sa vie, Emma est dépressive et lutte contre un sentiment de solitude permanent et étouffant : « Emma était hantée par la solitude et l’insécurité affective . Chaque soir, elle se sentait un peu plus anéantie par la perspective de rentrer chez elle sans avoir personne à retrouver (…) Depuis l’adolescence, elle guettait, elle attendait cet homme qui serait capable de la comprendre. Mais il n’était pas venu. Et la certitude qu’il ne viendrait plus la minait ».

Editions Pocket – 544 pages

Eté 1995 à Bristol, quatre jeunes gens qui sont amis depuis leur première année de fac dissertent sur l’avenir dans un parc : Sylvie et Lucien, frère et soeur, mais aussi Eva et Benedict. Ils viennent d’obtenir leur diplôme et leurs routes vont commencer à s’éloigner : Benedict poursuit ses études à Bristol, Eva part travailler à Londres et Sylvie et Lucien vont poursuivre dans leur voie bohème.

Au fil des années et des aventures de la vie, leur amitié connaîtra des hauts et des bas, de longs silences, des absences et des retrouvailles, les replongeant dans l’époque de cet « été invincible ».

Alice Adams signe là son premier roman. L’auteure, à moitié australienne, a presque toujours vécu en Angleterre. Après un diplôme de philosophie, elle a également étudié à Bristol les mathématiques, la finance et l’informatique et a notamment travaillé dans des banques d’investissements. Ce parcours riche et varié explique probablement qu’en plus de l’intrigue du roman, Alice Adams évoque aussi différents thèmes avec précision, et notamment celui des traders à la City.

Le lecteur suit sur vingt ans l’évolution de l’amitié et de la vie de ces quatre jeunes gens aux âges où chaque décision peut avoir un impact déterminant sur le reste de sa vie, tant personnelle que professionnelle. Epoque aussi les liens parfois se distendent au gré des changements de vie et de personnalité. Rien n’est enjolivé dans ce roman, mais décrit avec justesse et sensibilité, lucidité aussi. Le tout se déroule dans l’Angleterre du début du XXIème siècle, ce qui ravira les amoureux du pays et notamment de Londres !

« La grande surprise du monde adulte avait été de découvrir que les gens ne comprenaient jamais véritablement ce qu’ils fabriquaient, et ceux qui respiraient la confiance en soi encore moins. »

Livre de Poche – 377 pages – 7,90€

En 2019, Lorna, institutrice, part sur les routes de Cornouailles avec son fiancé Jon afin de trouver un lieu de réception pour leur mariage. Elle est irrésistiblement attirée par le dernier, qui semble tout d’abord accessible : le Manoir de Pencraw, aussi appelé Les lapins noirs. Elle y fait la connaissance de Caroline, vieille dame qui semble propriétaire des lieux, et Endillion, qui est à son service.

Charmée mais perturbée par cet endroit aussi immense qu’inquiétant, Lorna se souvient avoir trouvé une photographie ancienne d’elle et sa mère adoptive prise devant ce manoir des années auparavant.

Quarante ans avant vivaient ici pendant les vacances les Alton, Nancy et Hugo et leurs quatre enfants.

Ce nouveau roman Un Manoir en Cornouailles (« Black Rabbit Hall ») de Eve Chase -le pseudonyme de la journaliste britannique et romancière Polly Williams- publié en 2015 a été décrit comme « une lecture obligatoire pour les fans de Kate Morton et Daphné du Maurier » (BookPage). Il est vrai que l’on retrouve les Cornouailles si chères à l’auteure de Rebecca, l’atmosphère lourde et étrange des vieilles demeures, leur histoire, leurs fantômes aussi. A l’instar de Kate Morton, le lecteur évolue entre deux périodes différentes, les liens se révélant au fil du roman.

J’ai d’abord été peu convaincue, au début du roman, par le personnage de Lorna, par ses atermoiements, son lien avec son fiancé, la découverte de ce manoir qui semblaient être effectivement les éléments d’un roman de Daphné du Maurier, écrivain que j’affectionne particulièrement, mais loin d’être du même niveau dans les premières pages.

Après plusieurs dizaines de pages, on commence à véritablement s’attacher aux personnages des années 1960, ceux de l’époque actuelle restant relativement sans intérêt, tout juste des « agents de liaison » avec le passé. L’atmosphère est elle très bien rendue, la description du manoir, des pièces délaissées, des esprits qui semblent s’y promener, tiennent le lecteur en haleine. On surtaute, on cesse de respirer, on tremble, on hésite, à l’instar des personnages. Les extérieurs, la nature un peu rude et symbole de liberté des Cornouailles, deviennent un personnage à part entière.

« Elle sait que ce manoir va lui manquer, comme les lieux qui portent à réécrire la carte de votre vie, ne serait-ce qu’un peu, des lieux qui vous prennent une partie de vous-même et vous donnent en change un peu de leur esprit. »

Et finalement je n’ai plus quitté le roman avant de l’avoir terminé, car il y a aussi du suspens dans cette histoire familiale.

Si vous apprécié cet univers, c’est l’occasion de (re)découvrir l’oeuvre de Daphné du Maurier qui reste le maître du genre, avec notamment Rebecca ou l’Auberge de la Jamaïque. Je vous recommande également l’excellente biographie de Tatiana de Rosnay Manderley for Ever qui permet de découvrir la véritable histoire de l’écrivain.

© Deauville, on t’aime!

Qu’ont en commun la famille Marconi, le jeune couple Ben et Jessica, Frances l’auteure à succès, Lars, Carmel ou Tony ? Tous ont fait le choix de passer dix jours en cure à Tranquillum House, manoir victorien transformé en centre de soins novateurs. Quels que soient les problèmes qu’ils souhaitent résoudre, la directrice du centre et ses collaborateurs ont un programme adapté à leur proposer.

Cours de tai-chi, jeûne, « noble silence » massages, smoothies arrangés, cette cure sera-t-elle de tout repos pour ces « parfaits étrangers » ?

L’auteure Liane Moriarty distille un petit parfum d’Agathe Christie dans ce huit clos mêlant suspense et humour. Nous devons également à la romancière Petits secrets, grands mensonges en 2016, adapté à l’écran en la série télévisée Big Little Lies avec Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Shaileen Woodley et Laura Dern.

Liane Moriarty prouve une fois encore son talent pour les galeries de portraits. Elle parvient à nous faire entrer dans leur psychologie avec beaucoup de finesse. Mieux encore, le lecteur a l’impression de réaliser cette cure à leurs côtés. Le noble silence vous fera retenir votre souffle, les thérapies vous feront réfléchir sur vous-mêmes.

Le signe d’un bon roman est que le refermer vous donne l’impression de quitter des amis. C’est exactement ce qui arrive ici avec le nouvel ouvrage de Liane Moriarty que je vous recommande vivement !

507 pages – Albin Michel – 22,90€

Quatrième de couverture

A une semaine de leur mariage, Simon annonce à Lena qu’il est tombé raide dingue d’une autre. Pour couronner le tout, Lena est virée après une énorme bourde et se retrouve sans rien, obligée de camper chez son frère…

La jeune femme aimerait reprendre sa vie en main, mais rien ne se passe comme prévu. Elle qui espérait entrer dans une agence de relations publiques se retrouve à aider Otto, un vieux libraire bougon.

Lena n’est pas du genre à faire tourner la tête des hommes. Pourtant, ils sont plusieurs à papillonner autour d’elle et à lui vouloir du bien… En apparence, du moins.

Il s’agit du premier roman de l’auteure allemande Petra Hülsmann qui signe ici une comédie romantique très plaisante. Lena est une sorte de Bridget Jones allemande. Quand sa vie tourne soudain au cauchemar, elle doit reprendre les choses en main, et choisi de se fixer des objectifs à atteindre, tant sur le plan professionnel que sentimental. Alors qu’elle rêve d’entrer dans une agence de communication, l’héroïne va être engagée par le vieux libraire ronchon Otto dans une librairie poussiéreuse.

Si la couverture et le titre du roman peuvent faire craindre une lecture mièvre voire niaise, ne vous y fiez pas. Le style n’a rien à envier à ceux de Helen Fielding ou Lauren Weisberger. On suit les péripéties de Léna au long de ces 420 pages sans jamais subir de longueur et, même si l’on voit parfois où cela va nous mener, nous y allons toujours avec plaisir.

Si vous aimez celui-ci, le second roman de l’auteure « Un Petit Grain de Sable » a depuis été publiée aux éditions l’Archipel (22 Euros).

8,95€ – Editions Archi Poche – 420 pages

Quatrième de couverture :

Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle.

Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique.

Dès la première rencontre, Adèle voit claire dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre le parcours d’une femme confrontée toute sa vie à une équation impossible entre le génie, l’amour et la folie.

L’auteure alterne les points de vue dans son récit :  un chapitre consacré à Anna et ses échanges avec Adèle Gödel est suivi d’un chapitre sur le couple Gödel à l’époque. Cette construction n’entrave aucunement la lecture, l’auteure parvenant à maintenir la fluidité en liant toujours les différents échanges.

Outre son style, il faut également saluer le travail de vulgarisation  réalisé par Yannick Grannec pour parvenir à expliquer aussi « simplement » que possible des théoriques mathématiques. Cette époque était en effet florissante : Turing, Morgenstern, mais aussi et surtout Albert Einstein, ami du héros.

Le récit nous fait ainsi voyager du Vienne des années 1930 dans lequel un jeune étudiant en mathématiques rencontre dans un cabaret une danseuse plus âgée que lui, à Princeton, où ils évolueront auprès des autres grands théoriciens de l’époque, en plein maccarthysme : écoute, espionnage, un contexte qui contribuera en partie à achever Gödel qui souffrait déjà de troubles mentaux. Atteint de nombreux TOC et d’anorexie, son épouse a dédié sa vie à le faire survivre, 50 ans passés ensemble où elle le soutint sans limite, assurant l’intendance et faisant une croix sur la maternité.

L’auteur Yannick Grannec a reçu le Prix des libraires 2013 pour La Déesse des petites victoires qui était son premier roman, un récit tout aussi brillant que passionnant.

451 pages – Editions Anne Carrière – 22€

 

 

Quatrième de couverture:

Bonne nouvelle: l’homme idéal existe ! Il ne parle pas : il jase. Il n’embrasse pas : il franche. Il ne se déshabille pas : il se criss à poète. Vous l’aurez deviné : il est québécois.

Tout un programme que ce petit roman. Une jeune femme rencontre un bel étranger à Paris, à l’accent for prononcé: un québécois. Malheureusement, il repart le lendemain dans son pays natal. Sous le charme, elle surmonte sa phobie de l’avion et pars le rejoindre pour une semaine chez une lui,dans une cabane isolée au Canada. Là elle va être confrontée à un langage parfois difficile à décoder, mais aussi au jeune fils et à l’ex de ce grand québécois artiste.

Une romance moderne, drôle et exotique. J’ai néanmoins été déçue par la fin. Elle est certes moderne et probablement réaliste mais m’a semblé un peu abrupte. Le roman reste malgré tout très « rafraichissant ».

158 pages – j’ai lu – 6,90€

Quatrième de couverture

Mai 1897. Le Tout-Paris se presse à la lus mondaine des ventes de charité. La charismatique duchesse d’Alençon, petite soeur de Sissi, a pris deux jeunes femmes sous sa protection en dépit du qu’en-dira-t-on. Scellant le destin de ces trois héroïnes, l’incendie du bazar de la Charité bouscule ce monde cruel et raffiné et plonge Paris dans le deuil. Mais il permet aussi des amours et des rapprochements imprévus, des solidarités nouvelles, de libertés inespérées. car naître à soi-même demande parfois d’en passer par le feu.

Premières pages du roman : la galerie de personnage se met en place, le décor est campé. Puis l’on est entrainé et porté par la plume de l’auteure qui rappelle les plus beaux romans du XIXème. Gaëlle Nohant a su se glisser dans la peau tant des auteurs de l’époque pour le style, mais aussi dans celle de ses personnages. Relations entre classes sociales, bourgeoisie, aristocratie, et les moins fortunés également.

Un très beau roman que contrairement au bandeau sur le livre je ne comparerais pas à « Downtown Abbey » mais plutôt Au Bonheur des Dames ou aux romans de Balzac.

Une réussite.

Prix du livre France Bleu Page des libraires 2015

545 pages – le Livre de Poche – 8,60€

Deuxième opus de l’un de mes auteurs de « feel good books » préféré, Jenny Colgan: la suite des aventures de Polly, installée sur une presqu’île et travaillant dans sa petite boulangerie, accompagnée de son fidèle macareux Neil et de son amoureux américain, Huckle, avec lequel elle vit désormais dans le phare.

Les choses vont cependant s’assombrir pour notre héroïne, quand la boulangerie va changer de propriétaire…

Un peu plus sombre que le premier roman car les difficultés sont ici plus nombreuses, mais l’auteure parvient à se renouveler, avec de nouveaux personnages et des idées ingénieuses. A glisser dans son sac, à poser sur sa table de nuit, à lire.. 🙂

483 pages – Pocket – 8,20€

Après Le sourire des femmes Nicolas Barreau nous promène de nouveau dans Paris sur les pas de Rosalie qui vient de faire l’acquisition d’une petite librairie rue du Dragon en plein coeur de Saint Germain des Prés. Elle peint notamment les voeux de ses clients sur des cartes postales. Jusqu’au jour où un auteur de livres pour enfants, Max Marchais lui propose d’illustrer son nouveau livre, Le Tigre Bleu.

Un développement semble-t-il idéal de ses talents, jusqu’à ce qu’un professeur américain vienne clamer la proportion intellectuel du dit album.

Le début d’une enquête bien menée. L’auteur a ici approfondie son écriture pour un résultat plus léché que son précédent roman. Le point commun est le plaisir à tourner les pages et à suivre les péripéties des protagonistes dans un Paris si bien rendu.

344 pages – Livre de poche – 7,30€