Le réalisateur Frédéric Farrucci a choisi une ambiance noire pour son premier long métrage La nuit venue. Jin (interprété par Guang Huo) est un jeune immigré sans papier, chauffeur de VTC soumis à la mafia chinoise. Il est sur le point de régler sa dette. Ancien DJ, il est passionné de musique électro, que découvre l’une de ses passagères, la troublante Naomi (Camelia Jordana), prostituée et danseuse, « travailleuse du sexe » corrige l’actrice dans une interview. Elle lui demandera de venir son chauffeur attitré, marquant le début d’une histoire entre ces deux êtres qui rêvent de fuir.
« Naomi et Jin sont prisonniers d’un esclavage moderne, choisi, et se mettent à fantasmer leur fuite… C’est super classe de la part du réalisateur et de ses productrices de montrer ce Paris-là et de monter un film avec ces gueules-là » déclare l’actrice dans une interview. La chanteuse s’est initiée à la pole dance pour ce rôle voluptueux qui succède à celui dans Curiosa.
L’essentiel du film se déroule de nuit, dans un Paris loin des lumières qui font rêver, où le danger et la misère sociale semblent omniprésents. Le réalisateur se concentre sur les jeux de lumière et les visages, sur fond de musique électro.
Le scénario a commencé a être écrit en 2014 alors que les VTC n’existaient pas encore. Frédéric Farrucci et son coscénariste Nicolas Journet avaient alors enquêté sur les taxis d e nuit. Avec l’arrivée des VTC ils ont pu constater par eux-mêmes que la situation précaire déjà existante n’avait fait qu’aggraver la clandestinité. Ils se sont notamment documenté auprès d’une chercheuse du CNRS, Simeng Wang, qui a écrit un livre sur les flux migratoires : Illusions et souffrances. Les migrants chinois à Paris. Et pour les incarnés au plus juste, l’équipe a choisi de réaliser un casting sauvage auprès de natifs de Chine.
Toujours dans un soucis de justesse et de véracité les Ivoiriens du garage clandestin à Aubervilliers sont des figurants qui le tiennent réellement. Les vendeurs à la sauvette ont eux été filmés tels quels. Le réalisateur résume ainsi son message « On les nomme les « invisibles »? Moi, je ne vois qu’eux! »
Après un Prix de la mise en scène et de la meilleure musique originale au Festival Saint-Jean-de-Luz, le film a également reçu le Prix du Public du long-métrage français au Champs-Elysées Film Festival.
En salles le 15 juillet 2020
VOFR / Drame / France / 2019 / 1h35

Source : Télérama 3679 15/07/20