Force est de constater que les organisateurs du Festival du Cinéma Américain ont particulièrement soigné la sélection des films de cette 41ème édition.

Nous avons pu découvrir, parmi les quatorze films présentés en compétition, six premiers longs métrages, parmi lesquels deux ont été récompensé par un prix: James White de Josh Mond et Krisha de Trey Edward Shults.

Le Festival, c’est également le plaisir de retrouver des maîtres du cinéma indépendant et de merveilleux acteurs.

Ainsi, Anton Corbijn, présent en 2014 pour la projection de Un homme très recherché, dernier film tourné par Philip Seymour Hoffman, est cette année revenu avec le très attendu Life, le non-biopic sur James Dean avec Robert Pattinson et Dane DeHaan.

Jason Clarke, qui était lui venu en 2007 pour la présentation en compétition de Yelling to the sky de Victoria Mahoney, ainsi qu’en 2012 pour Des hommes sans lois, était de nouveau présent pour notre plus grand bonheur pour Everest, projeté en l’ouverture du Festival..

Enfin et surtout, Michael Shannon, découvert dans Take Shelter en compétition au Festival en 2011 et récompensé par le Grand Prix, a cette année aussi contribué à l’obtention de ce dernier pour le film 99 Homes. Benoit Jacquot, Président du Jury, a d’ailleurs bien précisé que le Prix récompensait le film mais également la brillante interprétation des acteurs.

Si les Américains font du très bon cinéma, ils reconnaissent aussi la valeur du nôtre. Ainsi, le film Un Prophète de Jacques Audiard a-t-il été cité comme un modèle par Hank Bedford, réalisateur de Dixieland, ainsi que par Orlando Bloom, qui a lancé une demande d’emploi au réalisateur français, ce dernier tournant son prochain film en anglais.

A l’issu de cette édition, on regrette que le drame Dixieland (premier long métrage de Hank Bedford) n’ait été récompensé par aucun prix. Tourné en 18 jours avec 600.000 $ de budget, l’histoire interprétée par des acteurs qui crèvent l’écran, au milieu de mobile-homes au fin fond du Tennessee, est sublimée par une photographie belle et poétique et une bande originale soigneusement travaillée. Un petit bijou de cinéma. Si 99 Homes aborde un sujet de société avec brio, servi par l’excellente interprétation de Michael Shannon et la réalisation de haute volée de Ramin Bahrani, le film reste néanmoins plus classique dans sa forme.

Si l’année passée, nous soulignions que la politique avait été au cœur du Festival -véritable tribune à l’étranger pour les Américains- cette année, la violence et le désespoir qu’elle traduit souvent ont été cette année des fils conducteurs. Cela traduit tout à la fois une prise de conscience et l’espoir d’un changement. Mais ce dernier nécessite bien souvent de faire des choix, tout en composant avec ses principes comme l’ont abordé les films Sicario, I smile back, 99 Homes… 

On se rend bien compte également de deux états de faits: les armes à feu sont omniprésentes, elles font partie du décor (99 Jomes, Sicario, Dixieland, Cop Car, Green Room, Emelie, Ocotber Gale…), tout comme les drogues. Et l’une des origines de l’addiction à ces dernières est, surtout pour les femmes, « la vacuité de leur existence » comme le soulignait l’écrivain et co-scénariste Amy Koppelman. Triste constat, notamment abordé dans I smile back et Day out of days.

Ainsi, le Festival du Cinéma Américain, qui depuis 41 ans nous enchante et nous transporte, est également devenu une fenêtre sur l’Amérique contemporaine, tandis que Deauville semblent recueillir ses confidences, comme délivrées de toute censure.

 

Anne-Sophie Rivereau