Le dilemme auquel on fait face avec Amélie Nothomb, est de parvenir à déterminer si elle est un génie pur ou se moque prodigieusement de nous.
Chaque année à la rentrée littéraire, son nouveau livre paraît et s’arrache. Elle en écrit en moyenne 3 ou 4 par an, puis choisit elle-même, sans aucune intervention de son éditeur, celui qu’elle fera publier.
Si vous êtes déjà allés à une séance de dédicace, vous aurez aisément pu constater à quel point les lecteurs la révèrent.
Le comte Neville est un aristocrate qui vit avec ses trois enfants et son épouse dans le château familial en Belgique.
Leur seule fantaisie -et presque unique dépense de l’année- est la garden party que le comte y donne. Quelques jours avant ce prochain événement, une diseuse de bonne aventure lui annonce qu’à cette occasion, il tuera l’un de ses invités. Il devra dès lors vivre avec cette annonce, les insomnies qu’elle lui occasionne, sans compter les névroses de sa plus jeune fille, prénommée Sérieuse.
Ouvertement inspiré d’un roman d’Oscar Wilde, le crime du comte Neville semble à nouveau aussi autobiographique qu’ont pu l’être ses romans les plus connus.
On retrouve ici un château au fin fond de la Belgique, difficile à entretenir par des nobles désargentés, et une jeune fille aussi terriblement brillante que mal dans sa peu, qui pleure en écoutant les sublimes lieder de Schubert (Städchen).
Si l’intrigue psychologique est particulièrement bien menée, le dénouement laisse un goût d’inachevé. Tenant en moins de deux pages, il nous laisse sur notre [fin].
135 pages – Albin Michel – 15 €