En 2085, dans un Paris en ruines, deux survivants cherchent des vivres et de l’eau. Un frère et une soeur. L’un d’eux ne survivra pas. Des bobines de films découvertes conduiront le survivant à Bologne, plus précisément à la Cinémathèque. A l’occasion de sa traversée, le spectateur découvre que la Terre semble n’être plus qu’un immense désert. Un Appel semble pourtant attirer les rares survivants vers Athènes. Et si l’Humanité par­ve­nait à trou­ver la plé­ni­tude alors même que tout s’écroule et qu’elle est condam­née ? Le cinéma permettra-t-il de créer un lien et maintenir une unité entre les quelques survivants ?

Le réalisateur Jonathan Nossiter a grandi dans différentes grandes villes d’Europe. De nationalité américaine il vit maintenant en Italie. Sommelier reconnu, il a réalisé son premier film en 1990, Resident Alien, suivi en 1997 de Sunday, lauréat du Grand Prix du Festival de Sundance. Le cinéaste dirige ensuite Charlotte Rempling et Stellan Skarsgard -qui jouent également dans Last Words– dans Signs & Wonders, thriller psychologique tourné en Grèce et présenté en compétition au Festival de Berlin en 2000. Sa première réalisation engagée sera Mondovino, dans lequel il dresse un état des lieux du monde viticole, documentaire en sélection pour la compétition officielle au Festival de Cannes en 2004, à l’instar de Last Words dans la sélection 2020. Imaginez la réaction du comité de sélection du Festival, qui a visionné ce film durant le confinement, alors que les personnages sont atteints d’une mystérieuse toux et que la fin du monde est proche.

Dans cette nouvelle réalisation, Jonathan Nossiter parvient à mêler deux sujets : la crise climatique et la mort redoutée du cinéma. Il a ainsi défini son film dans un entretien à Variety : « C’est une lettre d’amour à la beauté et au pouvoir du cinéma en tant que lieu où les gens peuvent se retrouver… Je crois toujours, même s’il s’éteint, à l’acte d’aller au cinéma. »

Cette histoire éton­nante de la fin du monde, vécue par cinq der­niers êtres humains, interprétés par Kalipha Touray (rencontré par Jonathan Nossiter dans un camp de réfugiés), Nick Nolte, Charlotte Rampling, Alba Rohrwacher et Stellan Skarsgard, est librement adaptée d’une nouvelle de Santiago Amigorena Mes derniers mots.

Jonathan Nossiter a réalisé, co-écrit et monté lui-même le film. Dans cette étape réside une partie de l’efficacité du film, avec l’insertion de nombreux extraits de films mythiques de l’histoire du cinéma. La magie qu’il peut créer, l’unité entre les personnes qu’il peut susciter, sont ici très bien rendus. Charlotte Rempling a dit que « Quand le film commence,la catastrophe a déjà eu lieu, il n’y a plus rien. Mais quand on a perdu tout espoir, peut-être que renaît autre chose ».

Une fable terriblement actuelle.

Jour2Fête – 2h06 – Sortie le 21 octobre 2020